L’année se termine pour le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. La première année complète depuis l’attribution de l’événement olympique à la capitale française. Elle a été bien remplie.
Très concentrée sur les aspects budgétaires et la carte des sites, l’équipe du COJO a également renforcé ses relations avec les organisateurs des prochains Jeux, Tokyo 2020, Pékin 2022 et Los Angeles 2028. Tony Estanguet, le président de Paris 2024, en a expliqué à FrancsJeux les moyens et les enjeux.
FrancsJeux : Quelles relations entretenez-vous aujourd’hui avec les organisateurs des prochains Jeux olympiques ?
Tony Estanguet : Nous avons toujours été au contact des différents comités d’organisation des Jeux passés, depuis Londres 2012 et Rio 2016, mais aussi les JOJ de Buenos Aires 2018. Je me nourris de ces relations avec leurs leaders, car nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Nous avons des échanges réguliers avec Tokyo 2020. Un peu moins avec Pékin 2022, même si j’ai eu des discussions récentes avec les membres du CIO impliqués dans ces Jeux d’hiver. Certaines choses ne sont pas comparables, car les cultures différent d’un pays à l’autre. Au Japon, par exemple, l’engagement des collectivités territoriales est très particulier. Il est difficilement transposable à la France.
La réussite commerciale des Jeux de Tokyo, dont le programme de marketing national atteint 3 milliards de dollars, constitue-t-elle un modèle pour Paris 2024 ?
Nous avons questionné tout de suite les Japonais sur les raisons de leur incroyable succès en termes de marketing. Au mois de juillet dernier, notamment, à l’occasion de notre venue à Tokyo. J’ai eu des échanges avec le président Mori, avec le CIO et avec Dentsu, leur agence marketing. Il est intéressant pour nous de comprendre comment ils fonctionnent. Mais leur modèle n’est pas facile à transposer en France.
Pourquoi ?
Au Japon, une grande entreprise ne peut pas ne pas être associée aux Jeux de Tokyo 2020. En France, l’approche est différente. Mais il existe une autre spécificité japonaise : beaucoup des grands patrons ont vécu les Jeux de Tokyo 1964 comme spectateurs. Ils ont vibré pour cet événement. Ils y ont connu des émotions très fortes. Ils veulent aujourd’hui associer leur entreprise au succès à venir des Jeux de Tokyo 2020. En France, nous n’avons pas une génération de patrons qui connaissent bien les Jeux et les ont vécus de près. Nous aurons donc une autre approche.
Quelles relations entretenez-vous avec le groupe chinois Alibaba, sponsor du CIO dans le cadre du programme TOP et déjà très impliqué dans la préparation des Jeux d’hiver de Pékin 2022 ?
Certains partenaires TOP sont déjà dans le jeu. Nous allons travailler avec eux. Il est logique de le faire, avant même de rencontrer de nouveaux prospects. Les équipes d’Alibaba, nous les avons rencontrées aux Jeux d’hiver de PyeongChang. Sur la technologue et l’e-commerce, il existe avec eux des options éventuelles de coopération. Nous allons les recevoir au mois de janvier, à l’occasion d’un séminaire avec tous les partenaires TOP du CIO. Un séminaire de travail pour essayer d’approfondir, au cas par cas, sponsor par sponsor, quel type de coopération nous pouvons mettre en place.
Où en êtes-vous aujourd’hui de la synergie annoncée l’an passé avec Los Angeles 2028 ?
On a envie d’avoir des discussions sur le programme sportif, la communication, le marketing, mais aussi sur l’engagement du grand public. Le CIO favorise les échanges. C’est assez récent, cela entre dans les résolutions de la Nouvelle norme. Pour nous, cette nouvelle donne est très utile.
Casey Wasserman, le président de Los Angeles 2028, a évoqué la possibilité d’une approche commune sur le marketing. Est-ce réaliste ?
Nous allons en discuter. Nous serons plus forts si la marque olympique s’inscrit dans la continuité et peut générer des synergies entre deux grands marchés, français et américain. Mais cela cause beaucoup de contraintes et de difficultés. Les spécificités des deux marchés peuvent se révéler un frein. Mais au cas par cas, nous sommes très intéressés par une collaboration sur le marketing avec Los Angeles 2028.
Quelle forme concrète prend déjà cette collaboration avec Los Angeles au sein du COJO Paris 2024 ?
Nous avons créé un département dédié aux relations avec LA 2028. Nous avons désigné une directrice en charge de cette question. Une personne a également été choisie côté californien pour coordonner notre collaboration. Mais les relations existent à tous les niveaux. Les deux directeurs des sports se parlent. J’ai moi-même des échanges avec Casey Wasserman. Nous avons envie d’aller un cran plus loin que tout ce qui a été fait dans le passé. Les Américains ont tout intérêt à ce que nous soyons bons avec nos Jeux. De notre côté, nous pouvons nous inspirer de ce qu’ils préparent. Ils viendront à Paris, nous irons à Los Angeles.
Eric Garcetti, le maire de Los Angeles, a même parlé d’échanger entre les deux comités d’organisation des tribunes temporaires…
Cela fait partie des options. Notre relation peut générer des économies, en échangeant par exemple certains éléments de structures temporaires.