La situation devient confuse sur le front russe. Les jours passent, rien ne se passe. Au moins officiellement. Une équipe de l’Agence mondiale antidopage a poussé les portes du laboratoire de Moscou jeudi 10 janvier. Depuis, elle n’en est plus sortie.
Présentée comme l’inspection de la dernière chance, la visite du trio d’experts de l’AMA dans la capitale russe devait durer trois jours. Elle entame ce jeudi sa deuxième semaine derrière les murs austères de l’établissement russe. Que font-ils ? A l’évidence, ils bossent. Mais le reste pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
« Le travail au laboratoire est toujours en cours, l’équipe fait d’excellents progrès, assure James Fitzgerald, un porte-parole de l’AMA. Nous espérons que la mission sera bientôt terminée, mais il n’est pas possible d’être précis sur sa date de fin. »
La raison du retard ? Difficile de trancher. Lenteur administrative ? Lourdeurs techniques ? Un peu des deux, sans doute.
Selon le discours officiel de l’AMA, le travail des experts envoyés à Moscou prend plus de temps que prévu en raison de « la quantité et la complexité des données », mais également d’un matériel informatique, les disques durs notamment, parfois lent à tourner. « Mais l’équipe n’est pas confrontée à des problèmes ou à des difficultés spécifiques dans l’accomplissement de sa tâche », précise l’AMA.
Sur le papier, le déroulé de la procédure se voulait précis, quasiment au jour près. Le trio d’experts de l’AMA devait extraire le millier de données suspectes du laboratoire antidopage de Moscou entre jeudi et samedi de la semaine passée. Puis il devait pondre à rapport à la va-vite pour le remettre au comité de révision de la conformité de l’AMA.
Le comité en question devait ensuite se réunir, lundi 14 et mardi 15 janvier, au siège de l’organisation à Montréal. Au terme de sa réunion, il était censé rédiger une recommandation écrite, au plus tard ce jeudi 17 janvier, à l’intention du comité exécutif de l’AMA sur la meilleure décision à prendre concernant la Russie et son agence nationale antidopage.
Enfin, le comité exécutif de l’AMA devait tenir une conférence téléphonique, mardi 22 janvier, pour trancher la question.
Tout était écrit, mais rien ne devrait finalement se passer comme prévu. Le porte-parole de l’AMA l’a expliqué : « Le conseil de révision de la conformité s’est réuni à Montréal, les 14 et 15 janvier, mais il ne présentera pas son rapport avant que l’équipe d’experts ait quitté la Russie. »
Sans rapport, pas de recommandation. Elle devait pourtant être formulée au plus tard ce jeudi 17 janvier. James Fitzgerald l’a précisé au New York Times : « Le comité de révision de la conformité ne veut rien faire qui puisse mettre la mission en danger. Il souhaite disposer des informations de l’équipe d’experts avant de finaliser sa position. »
La suite s’annonce donc très floue. Faute de pouvoir connaître la date où les experts de l’AMA en auront terminé de leur virée moscovite, le comité de révision de la conformité ne peut pas anticiper une prochaine réunion. Quant au comité exécutif de l’AMA, il lui faut aussi se préparer à reporter sa conférence téléphonique. Et, par extension, sa décision sur l’avenir olympique du sport russe.
Une chose est sûre : l’AMA ne bousculera pas les choses. Son équipe d’avocats l’a prévenue : confondre vitesse et précipitation l’exposerait à voir la Russie se ruer vers les tribunaux pour contester sa décision. Patience, donc.