La décision était très attendue. Elle est tombée depuis Montréal, mardi 22 janvier, au terme d’une conférence téléphonique expédiée dans une forme d’unanimité. Le comité exécutif de l’AMA a décidé de ne pas imposer de nouvelles sanctions à l’agence russe antidopage (RUSADA). Le processus de réintégration de la Russie dans le mouvement olympique peut se poursuivre.
En soi, la décision n’a rien de très surprenant. Réunis par téléphone, les membres de l’organe de décision de l’AMA ont suivi la recommandation du comité de révision de la conformité. Logique. Ils ont passé l’éponge sur le retard de 18 jours pris par la Russie pour donner accès à son laboratoire de Moscou. Ils ont préféré voir le verre à moitié plein.
Craig Reedie s’en est expliqué au terme de la réunion téléphonique, mardi 22 janvier. « Nous voulions que ceux qui ont triché rendent des comptes, a précisé le dirigeant écossais, souvent critiqué pour sa position présumée conciliante avec la Russie. J’espère que les athlètes et les autres verront que nous faisons des progrès dans ce domaine. »
Craig Reedie n’en fait pas mystère, l’AMA a cherché à encourager plutôt qu’à sanctionner. A l’image du CIO, elle préfère voir la Russie rentrer sagement dans le rang, plutôt que poursuivre à l’infini le feuilleton. « Plusieurs membres du comité exécutif ont exprimé leur déception de voir que la date-butoir n’avait pas été respectée, mais ils ont convenu qu’aucune sanction ne devait être imposée pour cela », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le feu est vert, donc. Mais l’AMA l’a accompagné de la mise en service d’un signal d’alerte. Le processus de réintégration de la RUSADA peut continuer, mais il devra suivre un calendrier très précis. Avec, cette fois, une menace plus ferme que jamais.
Les équipes de l’AMA vont maintenant décortiquer et analyser le millier de données ramenées de Moscou par son trio d’experts. Le travail devrait prendre deux à trois mois. Elles devront repérer les cas les plus douteux. Selon Olivier Niggli, le directeur de l’AMA, leur nombre se situerait entre une et plusieurs centaines.
L’agence russe antidopage devra ensuite fournir, au plus tard le 30 juin 2019, les échantillons des athlètes présumés coupables de tricherie. L’AMA pourra ainsi procéder à une nouvelle analyse. Les résultats seront transmis aux autorités compétentes, dont les fédérations internationales des sports concernés.
Selon Jonathan Taylor, le président du comité de révision de la conformité, la Russie pourrait une nouvelle fois encourir les pires sanctions dans l’hypothèse où les équipes de l’AMA découvraient, au cours de leurs travaux, que les données récupérées au laboratoire de Moscou ont été falsifiées. Le comité se réunirait alors dans l’urgence. Il pourrait, cette fois, recommander une nouvelle suspension de la Russie.
Un tel scénario reste très hypothétique. Mais dans le pire des cas, s’il était avéré que la Russie a truqué les données de son laboratoire de Moscou, elle pourrait revivre l’épisode des Jeux d’hiver de PyeongChang et se voir exclue des Jeux de Tokyo 2020.
A Moscou, la décision de l’AMA a été accueillie avec soulagement. Yuri Ganus, le directeur de la RUSADA, en a convenu : « Il est tout à fait possible que nous perdions quelque chose au tableau des médailles, mais personne ne pourra nous enlever l’héritage des Jeux d’hiver de Sotchi. Ils ont été de grands Jeux olympiques, parmi les mieux organisés. J’espère donc sincèrement que nous pourrons tourner cette page et résoudre tous les problèmes, même nous ne pouvons pas simplement la tourner et oublier. » Impossible, en effet.