Le feuilleton n’en finit plus de rebondir à Tokyo dans l’affaire de corruption présumée pour l’attribution des Jeux de 2020. Mais, bonne nouvelle pour l’intérêt de la série, les personnages se succèdent à un bon rythme.
Après Tsunekazu Takeda, le président du comité olympique japonais, placé toute la semaine passée en tête du générique, l’épisode du jour se concentre sur un autre acteur. Il est immense. Selon Associated Press, l’enquête de la justice française s’intéresse désormais de très près au rôle et à l’influence de l’agence japonaise Dentsu, un géant mondial de la publicité et du marketing.
Pour faire simple, disons que sans l’aide de Dentsu, Tokyo 2020 ne serait pas tout à fait ce qu’il est, à savoir une machine à collectionner les contrats de partenariat privé. A ce jour, le programme de marketing du comité d’organisation compte 58 noms. Un record. Il pèse 3 milliards de dollars. Un autre record.
Dentsu est l’agence de marketing exclusive des Jeux de Tokyo 2020. Son contrat remonte au printemps 2014, soit moins d’une année après l’attribution par le CIO des Jeux d’été en 2020 à la capitale japonaise. Précision presque superflue : Dentsu était déjà de l’aventure de la campagne de candidature de Tokyo 2020.
Selon AP, le nom de Dentsu est apparu dans l’enquête de la justice française au moment d’essayer de remonter le fil des versements d’un montant de 2 millions de dollars autorisés par Tsunekazu Takeda à la société de conseil Black Tidings, basée à Singapour, dirigée par Ian Tan Tong Han. Pour rappel, Black Tidings est soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire pour rémunérer Papa Massata Diack, l’un des fils de Lamine Diack, ex membre du CIO et ancien président de l’IAAF.
Détail gênant : Dentsu est également en contrat avec l’IAAF. Elle l’était au temps où l’organisation était présidée par Lamine Doack. Elle l’est toujours aujourd’hui.
Question : Dentsu a-t-elle joué un rôle dans l’affaire de corruption présumée sur laquelle enquête actuellement la justice française ? L’agence japonaise ne dément pas avoir accompagné le comité de candidature dans son travail de lobbying. Un porte-parole de Dentsu a exppliqué à AP : « Un certain nombre de consultants ont fait des présentations au comité en charge des appels d’offres, après quoi ce comité a contacté Dentsu. »
L’agence japonais aurait ainsi recommandé la société Black Tidings, assurant que son patron, Ian Tan Tong Han, était « un consultant asiatique extrêmement compétent ».
Interrogé sur les relations entre Dentsu et la famille Diack, le porte-parole de l’agence japonaise se contente du minimum : « Nous avons un contrat avec l’IAAF, nous avons donc eu l’occasion de rencontrer ses dirigeants dans un cadre professionnel ».
A ce stade de l’enquête, la justice française se refuse à confirmer creuser la piste Dentsu. Une porte-parole du parquet financier a précisé à AP qu’elle n’était pas autorisée à parler des détails de l’enquête.
Mais plusieurs sources s’accordent à suggérer que Dentsu, classée au 5ème rang des agences mondiales de publicité et marketing, possède une influence historique dans le mouvement olympique. Au Japon, elle serait même intouchable. L’épouse du Premier ministre, Shinzo Abe, y a travaillé un moment. Dentsu compte parmi ses clients le Parti Libéral Démocrate, actuellement au pouvoir.