Semaine décisive pour les Jeux de la Francophonie 2021 à Moncton et Dieppe, au Canada. Le sort de l’événement devrait se jouer au plus tard jeudi 31 janvier. A quelques jours de l’échéance, l’inquiétude l’emporte, mais l’espoir demeure.
Dans les rangs des pessimistes, le Premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs. Il s’est exprimé devant les médias en fin de semaine passée. Il n’a pas fait dans la nuance. « Si nous n’avons rien du gouvernement fédéral le 31 janvier, nous annoncerons que les Jeux de la Francophonie n’auront pas lieu, a expliqué Blaine Higgs. Si le gouvernement fédéral ne présente pas une offre, ce sera la fin de la discussion. Je ne suis pas optimiste, je ne pense pas qu’ils vont présenter une offre. »
Pour rappel, la dernière estimation en date, révélée en décembre dernier par Radio-Canada, assure que le coût de l’événement pourrait atteindre 130 millions de dollars canadiens (86 millions d’euros au cours actuel), soit environ huit fois le montant présenté dans le dossier de candidature.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick répète ne pas vouloir dépasser son engagement initial, fixé à 10 millions de dollars. Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau, de son côté, se range derrière un règlement précisant qu’il ne peut pas aller au-delà de la somme apportée par les autorités de la province pour un événement sportif. Quant aux deux villes concernées, Moncton et Dieppe, elles en resteront à 750 000 de dollars chacune, comme prévu au moment de la candidature.
En visite la semaine passée au Nouveau-Brunswick, Justin Trudeau a répété une nouvelle fois que son gouvernement était disposé à mettre autant d’argent dans la cagnotte que le Nouveau-Brunswick, mais sans rallonger sa contribution. « Nous sommes là pour donner dollar pour dollar à la proposition du Nouveau-Brunswick, mais on attend encore une proposition formelle de sa part », a-t-il expliqué.
En clair, les deux camps se renvoient la balle. Pendant ce temps, l’heure tourne. L’échéance se rapproche.
Dans le camp d’en face, la résistance s’organise. Pas moins de 19 organismes et associations acadiens ont adressé une lettre au Premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs. Les signataires l’implorent d’être « créatif » pour trouver une solution qui permettrait de sauver l’événement.
A la différence des autres acteurs du dossier, ils dépassent la seule question des chiffres et déplacent le débat sur un tout autre terrain. Ils détaillent par le menu tout ce que le Canada, le Nouveau-Brunswick et l’Acadie auraient à perdre avec l’annulation des Jeux de la Francophonie 2021.
« Nous ne pouvons accepter une diminution de notre présence, de notre influence et de notre réputation à l’échelle internationale en raison d’un manque de leadership et de bonne volonté », écrivent-ils.
Leur démarche ne manque pas de sens. Dans leur lettre, les organismes acadiens insistent sur la vraie nature des Jeux de la Francophonie, un événement sportif et culturel à la dimension géo-politique certaine. Selon eux, ils promeuvent la paix et le développement dans les pays membres de la francophonie. Ils exposent l’originalité des cultures francophones et favorisent l’émergence de talents artistiques sur la scène internationale.
« Nous vous demandons de considérer les bénéfices de ces Jeux, tant pour l’Acadie et le Nouveau-Brunswick que pour le Canada, car une telle occasion ne se représentera pas de sitôt », concluent-ils. Seront-ils entendus ?