L’avenir des Jeux de la Francophonie 2021 à Moncton et Dieppe, au Nouveau-Brunswick, ne tient désormais plus qu’un fil. Un fil tellement mince qu’il menace de craquer à tout moment.
Le gouvernement de la province canadienne a annoncé mercredi 30 janvier sa décision de se retirer de l’organisation de l’événement. Sauf miracle, elle devrait être suivie dans les jours prochains de l’annulation des Jeux.
L’annonce est venue de Blaine Higgs, le Premier ministre du Nouveau-Brunswick, à l’occasion d’une conférence de presse à Fredericton, la capitale de la province. « Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons été informés que les coûts de ces jeux étaient sept fois plus élevés que prévu au départ. Nous avons donc pris la décision de nous retirer des Jeux de la Francophonie de 2021, en raison de l’augmentation des coûts », a expliqué l’homme politique canadien.
Selon Blaine Higgs, la procédure canadienne de financement des grands événements sportifs est en cause. Elle limite l’engagement de l’état fédéral, en l’empêchant de dépasser la somme apportée par une province. Le Premier ministre du Nouveau-Brunswick résume ainsi l’équation : « Pour obtenir plus d’argent du gouvernement fédéral, il aurait fallu augmenter notre investissement. » Une éventualité que le gouvernement de la province a écartée.
Avec le retrait de l’un des partenaires majeurs, le sort des Jeux de la Francophonie 2021 semble définitivement scellé. Difficile, en effet, d’imaginer le gouvernement de Justin Trudeau prendre quasiment seul à sa charge un événement dont le dernier budget, révélé en début de semaine, se monte à 62 millions de dollars canadiens (40,8 millions d’euros).
La réaction de Justin Trudeau ne trompe pas. Réagissant à l’annonce de Blaine Higgs, le Premier ministre canadien a pris acte de sa décision, mais sans suggérer que la position de son gouvernement puisse changer. « Il est dommage que le Nouveau Brunswick ait décidé de prendre cette décision », a-t-il confié à quelques journalistes.
Justin Trudeau a confirmé plus tard sa position via un communiqué : « C’est une journée triste pour les gens du Nouveau-Brunswick, pour la communauté francophone de la région et pour les francophones du monde entier. » Tout juste a-t-il précisé souhaiter que la province participe activement à trouver une destination alternative pour les Jeux de la Francophonie 2021.
La suite ? Elle s’annonce sombre. Blaine Higgs a déjà prévenu : son gouvernement nommera rapidement un représentant au comité d’organisation. Il aura pour mission de mettre en route le processus officiel d’annulation.
A Paris, le comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF), une entité intégrée à l’Organisation internationale de la Francophonie, n’a pas encore officiellement commenté la décision du Nouveau-Brunswick. Mais son directeur par intérim, Thomas Gil, a répondu par un courriel à Radio-Canada : « Les conséquences de cette décision seront examinées par les Etats et gouvernements membres du conseil d’orientation du comité international des Jeux de la Francophonie, qui se réunira à Paris les 14 et 15 février 2019. »
Il pourrait décider d’infliger aux organisateurs canadiens une pénalité financière. Il lui faudra, surtout, trouver un autre pays-hôte. A deux ans et quelques mois de l’événement, le temps presse.