Le squash poussera-t-il la porte des Jeux olympiques ? Sera-t-il choisi parmi la petite poignée de sports additionnels aux Jeux de Paris 2024 ? En attendant de connaître la réponse, les meilleurs joueurs mondiaux en rêvent. Surtout, ils s’activent.
La Française Camille Serme, n°5 mondiale, a accompagné la délégation de la Fédération internationale de squash (WSF) et de l’Association des joueurs professionnels (PSA), le mois dernier, pour la présentation de la candidature au comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Elle a aussi répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Que représentent les Jeux olympiques pour une joueuse de squash de votre niveau, n°5 mondiale, laissée depuis toujours à l’écart de l’événement ?
Camille Serme : J’ai longtemps côtoyé des athlètes des sports olympiques, à l’INSEP, pendant ma formation. Je les entendais parler des Jeux. Ils les évoquaient comme la compétition ultime, plus importante que tout, bien au-dessus des championnats du monde. J’avais du mal à l’imaginer, moi qui évolue dans une discipline où il n’existe rien au-dessus d’un Mondial. Puis j’ai fini par comprendre ce que cela pouvait représenter pour un athlète de se préparer pendant 4 ans pour être prêt le jour J. C’est fabuleux. Pour moi, les Jeux restent un rêve, encore irréalisable, mais un rêve qui pourrait enfin se réaliser.
Les meilleurs joueurs du monde seraient-ils tous présents aux Jeux de Paris 2024 ?
Oui, sans le moindre doute. Nous en parlons beaucoup, tout le monde en rêve et voudrait en être. J’ai entendu que certains des meilleurs mondiaux, dans d’autres disciplines, ne se montrent pas très intéressés. Au squash, cela semble impensable. En cas de présence aux Jeux, la sélection ferait même des jaloux et des déçus. En Egypte, par exemple, plusieurs des meilleurs joueurs du monde ne seraient pas retenus.
Quelle place occupez-vous, les joueurs, dans la campagne du squash pour être choisi comme sport additionnel aux Jeux de Paris 2024 ?
Un rôle très actif. Nous échangeons beaucoup sur le sujet, nous en parlons sur les réseaux sociaux. Mais nous accompagnons aussi la campagne en contribuant au développement du squash à travers le monde. L’initiative SquashFORWARD ,lancée conjointement par WSF et PSA la veille de la Journée olympique, le 22 juin 2018, donne ainsi la parole aux jeunes joueurs et joueuses sur le futur du squash. Victor Crouin, qui nous a accompagnés lors de la présentation à Paris 2024, en fait d’ailleurs partie. La fédération internationale a également lancé il y a 20 ans le programme des Ambassadeurs. Tous les ans, des délégations composées d’un joueur, une joueuse, un arbitre et un coach, se déplacent dans les pays où notre discipline n’est pas encore très connue et pratiquée. J’y ai participé l’an passé, en Ukraine et en Arménie. En 20 ans, ce programme a eu des résultats incroyables. Il a permis de faire émerger des nouvelles nations sur la carte du squash. Il a contribué à l’universalité de notre sport, qui constitue l’une des valeurs fortes de l’olympisme.
Quels sont pour vous les atouts du squash pour intégrer le programme olympique ?
La nouveauté que représente le court vitré doté d’un mur frontal interactif. Il est vraiment très innovant et marque une nouvelle évolution. Le mur interactif permet de faire participer le public, de le faire jouer comme avec une console. Il peut aussi servir d’écran géant. Il peut être posé presque n’importe où, y compris dans des lieux aussi fabuleux que le Louvre, par exemple. Quel autre sport peut en dire autant ?
L’entrée du squash aux Jeux de Paris 2024 pourrait-elle influencer la suite de votre carrière ?
Bien sûr. A l’approche de la trentaine, un joueur se pose forcément des questions sur son avenir. Une femme, sans doute encore plus. Mais si le squash était choisi, je ferais tout pour être aux Jeux de Paris 2024. Cet événement pourrait constituer une occasion extraordinaire de terminer ma carrière.
La France aurait-elle des chances de médailles ?
J’en suis persuadée. Chez les garçons, Victor Crouin est vice-champion du monde junior. Il serait un candidat au podium en 2024. Chez les filles, la relève est déjà présente. La France pourrait viser une médaille dans les deux tournois.
En quoi une présence aux Jeux de Paris 2024 comme sport additionnel pourrait servir le développement du squash, notamment à destination de la jeunesse ?
J’ai un exemple en tête, il est tout récent. La semaine passée, je me suis rendue dans un collège de Champigny-sur-Marne, près de Paris, pour participer avec la boxeuse française Estelle Mossely à une discussion avec des élèves sur les préjugés dans le sport. La première question qui m’a été posée, après avoir expliqué mon parcours, a été : « Le squash, qu’est-ce que c’est ? » Beaucoup de jeunes en avaient entendu parler, mais aucun n’avait vu d’images à la télévision. La fenêtre médiatique que représentent les Jeux olympiques aurait un impact énorme. Elle ferait venir des jeunes dans les clubs. A l’INSEP, nous aurions un pôle national, il permettrait de renforcer la formation.