Qui l’eût cru ? En attribuant d’un coup les Jeux d’été en 2024 et 2028, le CIO pensait avoir endormi pour un bail les projets de candidature. Mais le phénomène inverse est en train de se produire. La course à l’édition 2032 bat déjà son plein.
Après l’Asie, très active au cours des dernières semaines (Corée unifiée, Indonésie et Inde), l’Océanie lève à son tour le doigt. Le potentiel postulant est australien. Plusieurs maires de la partie sud-est du Queensland, dont celui de Brisbane, ont présenté en fin de semaine passée une étude de faisabilité pour une candidature aux Jeux d’été en 2032.
Le document a été préparé par une équipe de Lagardère. Il compte 265 pages. A l’intérieur, un plan très ambitieux, notamment en termes de transports, mais gentiment respectueux des consignes de l’Agenda 2020 et de la Nouvelle norme du CIO.
Il prévoit de réduire au strict minimum les constructions nouvelles. Un stade, un seul, sortirait de terre. Il serait construit à Brisbane, pour les cérémonies et les épreuves d’athlétisme. Capacité : au moins 55.000 places.
Pour le reste, le rapport préconise de moderniser les sites existants, et de prévoir des installations temporaires. Classique et raisonnable.
Coût total du projet : 5,3 milliards de dollars australiens (3,78 milliards de dollars américains). Le budget des Jeux serait assuré par la contribution du CIO (1,7 milliard de dollars australiens) et par des recettes directes estimées à 2,7 milliards de dollars australiens (marketing, billetterie, produits dérivés…). Il resterait à combler la différence, environ 900 millions de dollars australiens, une tâche qui reviendrait aux autorités locales et nationales. A l’impôt, donc.
Sur le papier, rien d’insurmontable. Mais le projet du Queensland ne manque pas de zones d’ombre. En tête de liste, les transports. La région concernée, Brisbane et ses environs, compte actuellement 3,4 millions d’habitants. Avec ou sans Jeux, les prévisions estiment que le sud-est de l’état recensera 1,8 million de résidents supplémentaires à l’horizon 2041.
Les investissements en transports, notamment routiers, s’annoncent importants. La perspective des Jeux d’été en 2032 pourrait servir d’accélérateur. Sous réserve, toutefois, de parvenir à un consensus entre les différents acteurs autour du projet. Pas gagné d’avance.
Dès la publication du rapport de faisabilité, en fin de semaine passée, la Première ministre du Queensland, Annastasia Palaszczuk, a insisté sur l’importance d’obtenir un appui solide de toutes les parties prenantes.
« Nous aurions besoin d’une très forte contribution du gouvernement fédéral, comme ce fut le cas pour les Jeux olympiques de Sydney en 2000, a-t-elle expliqué, citée par le Sydney Morning Herald. A ce stade du processus, nous n’avons encore eu aucun échange sur le sujet avec le gouvernement fédéral. Par ailleurs, je ne pense pas que les habitants du Queensland veulent que les Jeux olympiques se concentrent seulement dans le sud-est de l’état. »
Autre question : le logement. Dans ses conclusions, l’étude de faisabilité d’une candidature olympique relève un manque de chambres d’hôtel dans la région actuellement proposée. Il en faudrait 81.000 supplémentaires pour recevoir les Jeux. Les projets immobiliers existent, mais ils s’annoncent très insuffisants. Le rapport réalisé par Lagardère suggère que, en l’état actuel des prévisions, il manquerait 62.000 chambres dans le sud-est du Queensland au moment des Jeux en 2032.
Pour Graham Quirk, le maire de Brisbane, organiser les Jeux olympiques servirait de catalyseur à une région en plein développement, mais encore trop mal équipée, notamment en transports, pour accompagner sa croissance démographique. L’étude de faisabilité estime à 110.000 le nombre de visiteurs et athlètes que les Jeux amèneraient dans le Queensland. « L’impact économique serait considérable pour notre région », insiste-t-il.
Sans doute. Mais le projet, séduisant sur le papier, devra surmonter les obstacles. Politiques, surtout. La décision finale de poursuivre l’aventure ne sera pas prise avant l’année 2020.