L’opération s’annonçait longue et le travail complexe. A l’évidence, ils le sont. L’Agence mondiale antidopage a fait savoir via un communiqué, publié mercredi 6 mars, que ses équipes en avaient enfin terminé de la première phase d’analyse des données du laboratoire de Moscou, collectées non sans mal par son trio d’experts au mois de janvier dernier.
A ce stade du processus, rien de très spectaculaire. La première phase du travail a été consacrée au téléchargement des données. Tout sauf un passe-temps léger et anodin. Les équipes de l’AMA ont extrait quelques 24 téraoctets d’information, soit l’équivalent de 400.000 heures de musique (plus de 45 années !), ou l’espace inclus dans 5200 DVD. Elles ont dépouillé plus de 1.500 dossiers. Costaud.
Elles ont également procédé à leur indexation, selon une méthode d’analyse forensique, avant de les associer aux divers instruments, serveurs, disques durs, ordinateurs et autres équipements électroniques du laboratoire. Selon l’AMA, le boulot est terminé. Il était temps.
La phase suivante devrait être un tantinet moins fastidieuse. Les experts de l’AMA vont commencer à évaluer les données plus en détail, pour vérifier qu’elles soient complètes et authentiques. « L’ensemble du processus de téléchargement et d’authentification doit durer deux ou trois mois », a rappelé l’AMA dans son communiqué. Patience, donc. Les premières révélations de fraude, individuelles ou collectives, ne devraient pas intervenir avant la fin du printemps. A condition, toutefois, que l’analyse des données débusque une nouvelle promotion de dopés du sport russe.
L’extraction des données fait suite à la décision de comité exécutif de l’AMA, le 20 septembre dernier, de réintégrer l’Agence russe antidopage (RUSADA), sous réserve de conditions strictes. Les autorités russes devaient fournir les données, mais également accepter que tout échantillon dont l’AMA demande de nouvelles analyses soit rendu disponible au plus tard le 30 juin 2019.
Günter Younger, le directeur du service Renseignements et enquêtes de l’AMA, explique : « Nous avons entrepris de recréer virtuellement le laboratoire de Moscou, afin de relier les diverses données à leurs instruments respectifs et de vérifier qu’elles sont complètes, exactes et qu’elles n’ont pas été manipulées. Une fois que nous aurons validé l’authenticité des données, nous pourrons passer à la phase suivante et aider les différents sports et autres organisations antidopage concernés à monter des dossiers contre les tricheurs. »
L’ancien policier allemand, entré à l’AMA en octobre 2016, ne prend même pas la précaution de s’exprimer au conditionnel. Il préfère le pluriel pour expliquer le rôle futur de son employeur aux côtés des fédérations internationales au moment de la prochaine lessive. Révélateur de la conviction de son organisation à découvrir de nouveaux cadavres dans les placards.