Ils ne s’y attendaient pas. En dévoilant leur liste des quatre sports additionnels, jeudi 21 février, les organisateurs des Jeux de Paris 2024 espéraient faire sensation. Le choix du breakdance a rempli cette mission. Ils pensaient bien dénombrer un lot fourni de déçus. Mais ils n’imaginaient pas que les plus virulents d’entre eux demanderaient des comptes et lanceraient une contre-attaque.
Le karaté a montré la voie. Il pourrait bien être rapidement suivi. Mercredi 6 mars, une délégation de la Fédération internationale de karaté (WKF) a été reçue en entretien au siège du COJO, dans le 8ème arrondissement de Paris.
Le casting de la réunion en dit long sur le sérieux de la démarche. D’un côté de la table, Antonio Espinos, le président la WKF, Toshi Nagura, le secrétaire général, venu tout droit du Japon, et Francis Didier, le président de la Fédération française (FFK).
En face, dans les rangs de Paris 2024, Tony Estanguet, le président du COJO, Etienne Thobois, le directeur général, Jean-Philippe Gatien, le directeur des sports, et Aurélie Merle, la directrice adjointe des sports.
La discussion a duré environ 1 heure 30. Les représentants du COJO ont écouté les doléances des envoyés du karaté, puis ils ont défendu leurs choix. La délégation de la WKF a clairement présenté sa demande : l’ajout du karaté comme cinquième discipline dans la liste des sports additionnels proposée par Paris 2024 à la commission du programme du CIO.
Elle a été entendue. Mais elle ne sera pas acceptée. Le COJO a défendu son choix. « Paris 2024 a proposé un ensemble cohérent, spectaculaire, urbain et tourné vers la jeunesse, qui offre une expérience complémentaire à celle offerte par l’actuel programme sportif », a expliqué l’équipe parisienne dans un communiqué. A l’évidence, le karaté ne cochait pas toutes les cases.
Fin de l’histoire ? Sûrement pas. La délégation de la WKF a quitté les locaux du COJO sans avoir obtenu gain de cause, mais elle n’entend pas renoncer. Antonio Espinos, le président l’organisation internationale, veut continuer le combat.
« Nous avons proposé l’inclusion du karaté comme cinquième sport additionnel, mais nous n’avons reçu aucune réponse de nos interlocuteurs, si ce n’est pour mentionner que le nombre total d’athlètes ne peut pas être dépassé aux Jeux, un argument qui ne correspond en rien à notre demande, explique-t-il. En aucun cas, nous avions avions été informés que leur proposition initiale devait se limiter à quatre sports. Il ne semble donc pas y avoir d’instructions du CIO à cet égard. »
Le dirigeant espagnol insiste : « Nous avons aussi demandé au COJO de garantir la transparence totale de sa décision, afin que nous puissions obtenir des arguments clairs et objectifs sur la manière dont la sélection des sports a été faite. Mais nous avons quitté l’entrevue sans avoir entendu réellement le moindre critère ou raison valable pour justifier leur décision. »
Antonio Espinos veut se donner le temps de la réflexion. Il annonce vouloir consulter des experts, avec la volonté de poursuivre son action. « Nous étudierons toutes les possibilités, nous n’exclurons aucune option, prévient-il. Nous utiliserons toutes les ressources à notre portée pour atteindre notre objectif, l’inclusion du karaté aux Jeux de Paris 2024. Une chose est certaine : nous n’abandonnerons pas. »
La bataille se poursuit dans un premier temps sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #TsukiForKarate2024. La Fédération française a diffusé jeudi 7 mars un clip de mobilisation de la communauté du karaté. Son président, Francis Didier, suggère : « Dans un sport de combat, on cherche à gagner mais pas à humilier. Il faut gagner avec panache. »
Parmi les autres recalés de la liste des sports additionnels, le squash prépare lui aussi l’offensive. Elle devrait être menée conjointement par la Fédération internationale (WSF) et l’Association des joueurs professionnels (PSA). Les deux parties discutent actuellement de la meilleure stratégie à adopter pour tenter d’inverser la décision. Affaire à suivre.