La manœuvre peut sembler manquer de fair-play, mais elle atteint son objectif. Au moment où la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux d’hiver 2026 promène ses doudounes sur les pentes d’Are et dans les rues de Stockholm, la classe politique italienne exprime tout haut son soutien à la candidature de Milan et Cortina d’Ampezzo. Résultat : l’Italie vole la vedette à la Suède.
Pour le deuxième jour consécutif, mardi 12 mars, le projet olympique de Milan/Cortina 2026 a fait l’actualité. Il n’était pourtant pas censé se faire entendre, au moment où la délégation du CIO conduite par Octavian Morariu a débuté sa visite (12 au 16 mars) chez le rival suédois.
Mais, surprise, le coup médiatique est venu des dirigeants politiques italiens. Lundi, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a pris la parole pour appeler son gouvernement à casser sa tirelire et consentir l’effort financier nécessaire pour accueillir les Jeux d’hiver en 2026. A ses yeux, une « occasion aussi exceptionnelle » de présenter l’Italie et ses deux régions hôtes, la Lombardie et la Vénétie, mérite largement de dérouler le carnet de chèques.
Le lendemain, mardi 12 mars, le soutien à la candidature est venu du président italien en personne, jusque-là pourtant très discret sur le sujet. Sergio Mattarella est sorti de sa réserve pour exprimer, selon l’agence ANSA, son soutien au projet.
« J’assure la candidature de tout mon soutien », a déclaré le chef de l’Etat italien, ajoutant que les Jeux d’hiver étaient d’une « grande importance, non seulement pour les deux villes hôtes, mais aussi pour l’ensemble de l’Italie. »
Certes, le gouvernement italien n’a pas encore formalisé son engagement financier en faveur de la candidature de Milan et Cortina d’Ampezzo. Mais le CIO ne l’exigera pas avant le moment du vote, comme il avait l’habitude de le faire dans les campagnes olympiques précédentes.
Avec les soutiens politiques exprimés coup sur coup par Matteo Salvini et Sergio Mattarella, le projet italien a assuré l’essentiel. Il semble avoir écarté pour de bon le risque d’un abandon en cours de partie. Il peut préparer la visite de la commission d’évaluation, prévue du 2 au 6 avril, sans craindre d’être attaqué sur le terrain politique.
En Suède, où la délégation du CIO a débuté mardi sa visite d’inspection sur les pentes de la station d’Are, la question politique n’a pas encore animé le débat. Elle le fera plus tard, sans le moindre doute. En fin de séjour, sûrement, au moment où Octavian Morariu et Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, feront face aux médias pour dresser le bilan de la semaine.
En attendant, la première journée de la visite de la commission d’évaluation, mardi 12 mars, a été dominée par un sujet plus terre à terre. La neige. Logique. Le mois dernier, la skieuse américaine Mikaela Shiffrin a ouvertement exprimé ses critiques à l’égard des pistes des championnats du Monde de ski alpin à Are. « Je ne pense pas qu’ils pourraient organiser les Jeux olympiques ici », a-t-elle suggéré, en référence à la piètre qualité de la neige, affectée par un climat quasi printanier.
Dans la bouche de la meilleure skieuse du monde, les propos ont eu un large écho. Les Suédois ont peu apprécié. On les comprend. Mais Octavian Morariu, le président de la commission d’évaluation des Jeux d’hiver 2026, n’est pas tombé dans le piège de la polémique. Invité par les médias à réagir aux critiques de Mikaela Shiffrin, le Roumain a habilement évité l’obstacle.
« Il est clair que l’opinion des athlètes est très importante, ils sont au cœur des Jeux, a-t-il prudemment expliqué à la chaîne de télévision SVT Sport. Nous devons nous assurer que les conditions sont bonnes. Mais, en même temps, certaines choses ne peuvent pas être influencées, comme la météo. Il est donc de notre devoir de nous adapter et faire preuve de flexibilité dans la préparation des compétitions. »
La visite de la commission d’évaluation du CIO se poursuit ce mercredi 13 mars à Stockholm. Les Italiens se feront-ils encore entendre ?