Etrange. A moins de 500 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, les autorités politiques du Japon n’ont toujours pas tranché la question de la participation d’une délégation de la Corée du Nord. Elle reste en discussion, dans l’attente d’une décision formelle.
Selon Kyodo News, le ministre japonais des Jeux olympiques, Yoshitaka Sakurada, a porté le sujet à la connaissance des parlementaires, mercredi 13 mars. A 499 jours des prochains Jeux d’été, il était temps. Il a expliqué que le gouvernement examinera la possibilité d’accorder aux athlètes nord-coréens le droit de se rendre au Japon pour participer aux épreuves. Ils bénéficieraient alors d’une procédure d’exception aux sanctions imposées par le Japon à la Corée du Nord.
« Les Jeux olympiques et paralympiques constituent le plus grand événement mondial pour la paix. A ce titre, il est souhaitable d’avoir autant de participants que possible », a suggéré Yoshitaka Sakurada pendant une séance de la Chambre basse du parlement japonais. Seulement souhaitable, l’expression a dû en faire tousser certains au siège du CIO à Lausanne.
Le ministre des Jeux olympiques en a appelé au bon sens. Il a expliqué que les circonstances exigeaient « la compréhension de toutes les parties ». Il a annoncé sa volonté de travailler avec les ministères et les organismes concernés pour régler la question avec la plus grande attention.
A ce stade de la préparation des Jeux de Tokyo, l’intervention de Yoshitaka Sakurada pose question. Elle suggère que la présence de la Corée du Nord aux Jeux de 2020 n’est pas encore officiellement actée. Elle doit encore être approuvée par les autorités politiques du pays.
Pour rappel, le Japon a interdit l’entrée à tous les ressortissants nord-coréens à la suite des essais nucléaires et de missiles répétés de la Corée du Nord. Les relations bilatérales sont également tendues en raison des enlèvements de citoyens japonais par la Corée du Nord, plusieurs décennies plus tôt.
Hasard ou pas, l’intervention du ministre olympique devant les parlementaires a suivi d’une journée l’envoi à la Corée du Nord, par le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, d’un identifiant et d’un mot de passe pour accéder à l’intranet réservé aux comités nationaux olympiques. Les Nord-Coréens les réclamaient depuis le mois de septembre dernier. En vain.
A en croire Yoshitaka Sakurada, « le comité national olympique nord-coréen n’a pas été en mesure d’utiliser le réseau internet dédié en raison de problèmes techniques, mais nous avons pu les résoudre. »
A Pyongyang, les autorités sportives n’ont pas semblé apprécier ces « problèmes techniques », peu habituels dans un pays comme le Japon, prêt à utiliser les Jeux de Tokyo comme une vitrine de sa créativité technologique. Le comité olympique nord-coréen a qualifié l’incident de « violation de l’esprit de la Charte olympique ». Il a même annoncé envisager de déposer une plainte officielle auprès du CIO.
Le retard des autorités japonaises pour régler définitivement, dans les textes et les faits, la présence de la Corée du Nord au Jeux de Tokyo, peut surprendre. Il tranche avec la rapidité du mouvement olympique pour en peaufiner les détails.
Il semble désormais acquis que les deux Corée présenteront des équipes unifiées en basketball et hockey-sur-gazon féminins, aviron et judo. Les deux voisins discutent également de la possibilité de porter les mêmes couleurs en tennis de table, voire dans deux ou trois autres sports. La balle est maintenant dans le camp des autorités politiques japonaises.