Audacieux, les Italiens. Au deuxième jour de la visite de la commission du CIO pour les Jeux d’hiver 2026, ils ont sorti de leur poche une carte surprise. Une annonce imprévue mais spectaculaire.
L’équipe de candidature de Milan/Cortina d’Ampezzo a profité de l’étape de la délégation du CIO à Cortina, ville-hôte des Jeux d’hiver en 1956, pour annoncer son projet de réhabiliter la mythique piste de bobsleigh de la station des Dolomites.
Nommée « Eugenio Monti », le nom du plus grand bobeur italien, six fois médaillé olympique entre 1956 et 1968, elle a été fermée en 2008. Depuis, la piste n’a plus accueilli la moindre compétition, nationale ou internationale.
Mais les Italiens se disent déterminés à lui offrir une nouvelle vie. Et cela, assurent-ils, avec ou sans les Jeux d’hiver 2026. Gianpietro Ghedina, le maire de Cortina d’Ampezzo, en avait même fait une promesse de campagne. Le coût des travaux de rénovation est estimé à 38 millions d’euros.
En soi, la nouvelle semble logique. Mais elle va à l’encontre de la position du CIO, plus déterminé que jamais à tailler dans le gras des budgets olympiques, jusqu’à les menacer d’anémie. L’organisation olympique avait suggéré à l’équipe italienne, pendant la phase dite de dialogue de la campagne de candidature, d’envisager d’organiser les épreuves de bobsleigh, luge et skeleton à Saint-Moritz, en Suisse, distante d’environ 300 kilomètres.
Les Italiens avaient semblé d’accord avec l’idée. Mais ils ont changé d’avis. Et, malins, choisi de sortir cette carte de leur jeu pendant la visite de la commission d’évaluation.
Une bonne idée ? Probable. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a expliqué mardi à Cortina : « Nous sommes convaincus qu’il y a suffisamment de pistes dans le monde, et les deux fédérations internationales (IBSF pour le bobsleigh et skeleton, FIL pour la luge) sont également très claires sur le sujet. Mais cet équipement existe déjà. S’il était rénové, il ne pourrait pas être considéré comme une nouvelle piste. » Imparable.
Giovanni Malago, le président du comité olympique italien (CONI), insiste : « Nous avons l’obligation de rénover la piste. Par respect pour l’histoire et pour le nom d’Eugenio Monti, qui a été non seulement un champion olympique, mais aussi un symbole de fair-play ».
En jurant leurs grands dieux que les travaux de rénovation se feront, avec ou sans les Jeux d’hiver 2026, les Italiens évitent l’obstacle. Ils s’autorisent déjà, en cas de victoire le 24 juin à Lausanne, à ne pas inclure leur coût dans le budget des Jeux. Le CIO peut respirer.
« C’est une course à étapes. Ce qu’on fait aujourd’hui, ça n’est pas l’échauffement, ça fait déjà partie de la compétition que sera le vote, a suggéré Giovanni Malago mardi après-midi, au deuxième jour de la visite de la commission d’évaluation. Je pense que l’avis de la commission sera positif ». Probable. Mais il pourrait l’être tout autant, à quelques nuances près, pour le projet de Stockholm/Are.