Les têtes tombent dans le mouvement olympique japonais. Après Tsunekazu Takeda, le président du comité national olympique, forcé à la démission pour des soupçons de corruption, un autre dirigeant de haut vol disparaît du paysage.
Yoshitaka Sakurada, le ministre japonais des Jeux olympiques, a annoncé sa démission du gouvernement de Shinzo Abe. Il quitte son bureau sans espoir de retour.
En cause, une « gaffe » du dirigeant politique, mais aux conséquences radicales. Yoshitaka Sakurada a oublié sa réserve d’usage à l’occasion d’une opération de collecte de fonds, organisée plus tôt dans la journée de mercredi en faveur d’Hinako Takahashi, un parlementaire d’Iwate, l’une des préfectures les plus touchées par la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011. Le ministre olympique a déclaré que le soutien envers Hinako Takahashi dans sa campagne de député était aujourd’hui plus important que les efforts de reconstruction de la région.
La formule est malheureuse. Elle lui a coûté sa place. Yoshitaka Sakurada a proposé sa démission à Shinzo Abe. Le Premier ministre l’a acceptée. Puis il s’est excusé de la remarque de son ministre auprès de la population de la zone sinistrée, insistant sur la volonté de son gouvernement de multiplier les efforts et les initiatives pour la reconstruction des préfectures les plus touchées.
« En ma qualité de Premier ministre, je présente mes excuses à tous ceux qui se trouvent dans les zones sinistrées, a déclaré Shinzo Abe. J’ai la responsabilité de l’avoir nommé. »
Yoshitaka Sakurada n’en est pas à son premier dérapage verbal. Le désormais ex membre du gouvernement s’est même déjà taillé une solide réputation de gaffeur.
En novembre dernier, il a avoué sans une once d’humour ne jamais se servir d’un ordinateur. En soi, rien de contraire à loi. Mais Yoshitaka Sakurada cumulait également, avec son portefeuille de ministre olympique, le poste de responsable de la stratégie nationale de cybersécurité. Les médias japonais l’ont épinglé sans retenue.
En février 2019, il a été forcé de s’excuser après avoir commenté l’annonce du diagnostic de leucémie de la jeune nageuse japonaise Rikako Ikee, sextuple médaillée d’or aux Jeux Asiatiques, en se disant « déçu ». Il avait suggéré que sa maladie risquait de refroidir l’enthousiasme des Japonais pour les Jeux de Tokyo 2020.
Il s’est également fait taper sur les doigts pour être arrivé en retard à une session parlementaire, habillé d’une tenue jugée peu conforme à l’étiquette des lieux.
Le bureau de Yoshitaka Sakurada ne restera pas longtemps sans occupant. Shinzo Abe a annoncé aux médias, ce jeudi matin à Tokyo, sa décision de nommer Shunichi Suzuki pour le remplacer. Une façon étrange de refermer la parenthèse, le nouveau titulaire du poste ayant précédé Yoshikata Sakurada comme ministre des Jeux olympiques.
A 470 jours de l’ouverture des Jeux olympiques, les turbulences se succèdent au Japon. Tsunekazu Takeda, l’historique président du comité national olympique, rendra ses clefs en juin prochain. Le CIO l’a déjà rayé de la liste de ses membres. Au tour, maintenant, de Yoshitaka Sakurada de quitter la scène. Une mauvaise série.