L’affaire est inédite. Elle laisse planer un certain doute sur la capacité du Japon à accueillir dans les meilleures conditions les athlètes, mais aussi les médias et les spectateurs, à l’occasion des Jeux paralympiques de Tokyo 2020.
Le quotidien anglais The Guardian rapporte que plusieurs hôtels de la ville de Yokohama, non loin de Tokyo, ont réclamé au comité paralympique britannique de payer pour la mise aux normes d’accessibilité des chambres réservées pour les athlètes en fauteuil avant les prochains Jeux.
L’équipe britannique d’athlétisme, notamment, doit effectuer son stage terminal à Yokohama, avant de rejoindre le village des athlètes à Tokyo. Ses officiels ont pris les devants et cherché plusieurs hôtels à proximité des sites d’entraînement.
Mais, mauvaise surprise, la direction de ces établissements leur a expliqué qu’ils devraient payer non seulement pour rendre les chambres accessibles, mais également pour les remettre dans leur état initial après la période de réservation.
Un accord a finalement été trouvé entre les hôteliers, la ville de Yokohama et le comité paralympique britannique. Il prévoit la création d’un fonds spécial, financé par les autorités municipales, pour assurer les travaux.
Selon un officiel britannique, cité par le Guardian, dénicher des chambres d’hôtel accessibles dans les environs de Tokyo a été un « véritable casse-tête ». Le comité paralympique britannique avait pourtant anticipé la difficulté, débutant ses recherches depuis près de 18 mois. Mais il s’est souvent heurté à un « manque total d’intérêt » de la part des hôteliers contactés.
Le problème n’est pas nouveau. Le comité international paralympique (IPC) interpelle depuis longtemps ses interlocuteurs japonais sur le manque évident de chambres d’hôtel accessibles à Tokyo et dans ses environs.
Selon le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, la capitale japonaise recense actuellement 700 chambres accessibles aux personnes en fauteuil. Un chiffre jugé très surévalué par les officiels britanniques. « En appliquant les standards européens, il ne doit pas y en avoir beaucoup plus d’une centaine », suggère un dirigeant du comité national paralympique.
Le gouvernement métropolitain estime de son côté que la capitale aura besoin de 850 nouvelles chambres pour recevoir les athlètes, mais aussi les officiels, les journalistes et les spectateurs en situation de handicap. Sauf miracle, il en manquera plusieurs centaines au moment des Jeux paralympiques.
Pour Andrew Parsons, le président de l’IPC, la question dépasse largement le cadre des Jeux. « Il existe un problème avec la législation au Japon en ce qui concerne le nombre de chambres accessibles, a-t-il expliqué au Guardian. Dans les hôtels de plus de 50 chambres, une loi impose une chambre accessible. Mais peu importe que l’hôtel ait 51 ou 500 chambres, il peut n’en avoir qu’une. »
Andrew Parsons se veut optimiste. Le Brésilien rappelle que le village des athlètes des Jeux de Tokyo, actuellement en construction, sera entièrement accessible. Il insiste également sur les efforts des organisateurs et des autorités pour régler le problème. « Ils comprennent les défis qu’ils ont à relever et, même sur cette question difficile, ils trouvent des solutions », explique-t-il.
Mais l’optimisme d’Andrew Parsons ne semble pas être partagé par tout le monde dans le mouvement paralympique. L’un de ses dirigeants a avoué au Guardian : Nous avons entendu dire que certains hôtels de Tokyo s’activent à rendre plus de chambres accessibles pour les Jeux paralympiques, mais qu’ils prévoient aussi de les remettre comme avant tout de suite après. Où est l’héritage ? Il n’y en aura pas. »