C’est fait. Après le Canadien Dick Pound, l’Australien John Fahey et l’Ecossais Craig Reedie, un quatrième homme s’installera bientôt sur le siège de président de l’Agence mondiale antidopage. Il est polonais. Et son âge pourrait en faire le fils de l’un ou l’autre de ses trois prédécesseurs.
Witold Banka, 34 ans, le candidat de l’Europe, a été choisi mardi 14 mai à Montréal par les représentants des gouvernements pour présider l’AMA à partir de l’an prochain. Il a été préféré au Dominicain Marcos Diaz, son aîné de 10 ans, le candidat du continent américain.
Le Polonais, actuel ministre des Sports et du Tourisme dans son pays, devra attendre le 7 novembre prochain pour pouvoir se présenter à ses interlocuteurs comme le président de l’Agence mondiale antidopage. Sa nomination doit être entérinée par le conseil de fondation de l’instance internationale. Une formalité, rien de plus. Heureux hasard : le conseil de fondation se tiendra à Katowice, dans le cadre de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport. A domicile, donc, pour le nouvel homme fort de la lutte antidopage.
Witold Banka n’a pas attendu de recevoir les clefs de son futur bureau pour exprimer ses impressions de vainqueur. « C’est l’un des moments les plus importants de ma carrière, a-t-il confié au terme du vote, cité par l’AFP. Je ferai tout mon possible pour ne pas perdre la confiance des représentants publics et de toutes les parties prenantes. Je veux maintenir l’unité de l’AMA et en améliorer le fonctionnement. »
Peu connu dans le mouvement olympique, discret mais habile, Witold Banka a fait carrière dans l’athlétisme avant de se lancer en politique. Spécialiste du 400 m, il a décroché la médaille de bronze au 4×400 m avec le relais polonais aux championnats du Monde en plein air à Osaka, en 2007. Depuis, il a brûlé les étapes. En 2015, il a fait son entrée dans le gouvernement conservateur de Beata Szydlo, cumulant les portefeuilles des Sports et du Tourisme. A seulement 31 ans.
Pendant sa campagne, il a pris soin de rester à l’écart du débat sur la Russie, à la différence de sa rivale pour l’investiture européenne, la Norvégienne Linda Helleland. Il a préféré opter pour une approche plus consensuelle, promettant en cas de victoire de changer la politique de l’AMA, d’en améliorer le système, d’accroître le nombre de contrôles et de laboratoires dans les régions les moins bien pourvues, et enfin de mettre en place des fonds de solidarité antidopage.
L’arrivée de Witold Banka à la tête de l’AMA ne donne pas seulement un sérieux coup de jeune à l’organisation. Elle fait entrer dans le jeu un nouvel acteur, sans passé de dirigeant sportif, a priori plus indépendant du mouvement olympique, le CIO en priorité, que son prédécesseur, Craig Reedie.
Le Polonais débutera le 1er janvier 2020 un mandat de trois ans. Il sera le dernier président de l’AMA choisi selon la règle d’une gouvernance tournante, entre les gouvernements et le mouvement sportif. Son successeur, à partir de l’année 2023, devra être une personnalité indépendante du monde politique et de l’univers olympique.
Présentée en début de campagne comme la favorite, Linda Helleland avait encore une chance de contrarier le cours annoncé des choses. Il lui fallait obtenir, avant le 31 mai, le soutien écrit d’au moins un membre du conseil de fondation de l’AMA. Elle ne l’aura pas. La Norvégienne a admis sa défaite, mardi 14 mai, dans un communiqué.
« Me montrer aussi claire et franche dans mes exigences envers le pouvoir en place n’était pas la meilleure stratégie pour réussir dans le sport international, reconnaît-elle. Je me suis attaquée à des puissances qui craignaient beaucoup trop les valeurs que je veux défendre. » Pas faux.