La justice française continue de frapper dans le mouvement sportif. Elle frappe fort. Selon les informations du Monde et de l’AFP, deux nouveaux acteurs ont été mis en examen en mars dernier pour « corruption active ».
Le premier est un habitué de l’exercice. Lamine Diack, l’ex président de l’IAAF, n’en est pas à sa première mise en examen. Il pourrait même bientôt être renvoyé au tribunal, pour avoir monnayé son silence et celui de son institution sur plusieurs cas de dopage dans l’athlétisme russe.
Le second est un nouveau venu. Yousef Al-Obaidly (photo ci-dessus), le directeur général de BeIn Sport, n’avait jamais encore été cité dans la moindre affaire, passée ou en cours. Comme Lamine Diack, le Qatari est soupçonné d’avoir participé à la négociation de pots de vin au moment de l’attribution à la ville de Doha des Mondiaux d’athlétisme en 2019.
Yousef Al-Obaidly a été mis en examen pour « corruption active » le 28 mars dernier. Lamine Diack, de son côté, l’a été la veille, mais pour « corruption passive ».
Les magistrats français s’interrogent sur deux versements d’un montant total de 3,5 millions de dollars, réalisés à l’automne 2011 par la société Oryx Qatar Sports Investment. Elle est détenue à égalité par Nasser Al-Khelaïfi, le président du Paris-Saint-Germain, et son frère Khalid. Les versements ont été effectués au profit d’une société de marketing sportif dirigée par Papa Massata Diack, le sulfureux fils de l’ancien président de l’IAAF.
Les juges d’instruction cherchent à déterminer si, en contrepartie de ces versements, Lamine Diack a influencé le vote de membres de l’IAAF en faveur du Qatar. Doha était alors candidate à l’organisation des Mondiaux d’athlétisme 2017. L’IAAF lui a préféré Londres. Mais la capitale du Qatar n’a pas tout perdu, puisqu’elle a obtenu l’accueil du rendez-vous mondial en 2019.
Le premier virement a été réalisé le 13 octobre 2011 et le second le 7 novembre 2011, soit quatre jours avant le vote de l’IAAF.
Selon une source proche du dossier, les deux versements étaient prévus dans un protocole d’accord entre Oryx Qatar Sports Investment et la société de Papa Massata Diack. Il stipulait que la société basée au Qatar s’engageait à acheter des droits de sponsoring et de diffusion pour un montant de 32,6 millions de dollars, à la seule condition que Doha obtienne l’organisation des Mondiaux 2017.
Jusque-là, rien de très anormal. Mais, plus douteux, il était précisé dans le contrat que les deux paiements effectués avant la décision de l’IAAF étaient « non remboursables ». Très suspect.