La francophonie du tennis vient de naître. Elle a poussé son premier cri en fin de semaine passée, en plein tournoi de Roland-Garros. Parfait timing.
Après deux ans de gestation, l’Association des fédérations de tennis francophones (A2FT) a été très officiellement présentée pendant le tournoi parisien. Elle regroupe une trentaine de pays. Et se donne comme objectif de faire rayonner la francophonie dans le tennis mondial, de Paris à Hanoï en passant par le Liban et l’Afrique.
Son président, Daniel Chausse, par ailleurs vice-président de la Fédération française de tennis, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment est née l’idée d’une association des fédérations francophones ?
Daniel Chausse : Elle est née il y a à peu près deux ans, lorsque que nous avons mené campagne pour la présidence de la FFT. La francophonie était un des sujets qui nous tenait à cœur. Lorsque je l’ai proposée au président Bernard Giudicelli, il a trouvé l’idée tout à fait opportune, surtout dans la perspective de développer le tennis dans le monde, particulièrement dans notre espace francophone. Comme l’a rappelé Jacques Attali dans son rapport de 2014, avec l’explosion démographique que connaît l’Afrique actuellement et qui va se poursuivre, il y aura un milliard de locuteurs francophones dans les années 2060-2080. Le football a réussi son implantation en Afrique. Il n’y a pas de raison que le tennis ne trouve pas sa place, sous réserve qu’on l’aide à se développer de manière équilibrée, intelligente et collective.
Combien de pays et de fédérations peuvent être concernés ?
L’OIF (Organisation internationale de la francophonie) regroupe 88 pays. Ils ne sont pas tous de langue française, mais ils évoluent dans la mouvance francophone. L’A2F compte aujourd’hui une trentaine de fédérations, donc de pays.
Quelle est votre position par rapport à la Fédération internationale de tennis (ITF), dont le siège est à Londres et qui est historiquement très anglophone ?
Nous ne sommes pas en concurrence avec les instances internationales, dont l’ITF. Nous venons en complémentarité. Nous ne sommes pas en opposition, mais en apposition. On ne veut pas donner l’impression de venir marcher sur les plate-bandes des Anglo-saxons. Mais nous voulons que la voix de la francophonie soit entendue.
Vous avez élu un comité exécutif qui se veut symbolique de vos ambitions ?
Exactement. Il est symbolique à deux niveaux. Dans l’assemblée générale, chaque fédération aura une voix, ce qui me paraît essentiel. Et dans le comité exécutif, j’ai voulu qu’il y ait une égalité entre l’Afrique et l’Europe. Il y a deux Européens, le Suisse René Stammbach, qui est par ailleurs trésorier de l’ITF, preuve que nous ne voulons pas nous opposer à la fédération internationale, et moi-même, le président. Les deux Africains sont le Marocain Aziz Laaraf et le Malien Mohammed Oumar Traore. Enfin, le Libanais Alain Sayegh représente le reste du monde, avec pour mission de populariser notre association en Asie et dans le monde arabe.
Avez-vous une idée du nombre de licenciés que représente l’ensemble de ces 30 fédérations ?
Peu de monde. Certes, la FFT compte un million de licenciés, mais il faut savoir qu’en Afrique, on ne licencie pas les joueurs même quand ils sont affiliés à un club. Nous avons également l’objectif de structurer les clubs, d’avoir des professeurs diplômés.
Quels sont les projets concrets que vous voulez mettre en œuvre ?
Nous allons mettre en place deux types de structures. En premier lieu, une académie du tennis dans lequel on rassemblera les élites du tennis francophone, pas seulement africaines mais aussi européennes. Nous allons aussi mettre en place un lieu de formation des cadres, car ils sont indispensables aux clubs de tennis, qu’ils soient dirigeants, enseignants ou arbitres. Deux sites sont aujourd’hui prévus, l’un au Bénin, sur la route des pêches à côté de Cotonou, l’autre à Diamniadio, au Sénégal, une ville nouvelle toute proche de Dakar. Ce site est déjà bien avancé puisqu’il a été établi par le gouvernement sénégalais qu’il serait utilisé pour les Jeux olympiques de la Jeunesse 2022 à Dakar. Il faut aussi développer des clubs. Pour cela, nous avons l’ambition de créer des clubs sur terre battue en les labellisant « Roland Garros ». Nous les aiderons avec notre savoir-faire, en partenariat avec la FFT. A terme, notre objectif est de voir un joueur africain gagner Roland Garros.