Agaçant. Entre Caster Semenya et l’IAAF, le bras de fer continue à hésiter sur le côté où pencher. Un coup à droite, un coup à gauche. Mais toujours pas de vrai vainqueur.
Lundi 3 juin, le balancier a opté pour le camp de la Sud-Africaine. Le Tribunal fédéral suisse, saisi la semaine passée par le clan Caster Semenya, a suspendu de façon temporaire le règlement de l’IAAF sur les athlètes hyperandrogènes. La double championne olympique du 800 m est donc libre de s’aligner sur la distance de son choix. Elle peut disputer son épreuve fétiche sans avoir à suivre un traitement médicamenteux pour abaisser son taux de testostérone.
L’annonce en a été faite par les avocats de l’athlète sud-africaine. « Le Tribunal fédéral suisse a ordonné à l’IAAF de suspendre immédiatement l’application des règles d’éligibilité à l’encontre de Caster Semenya, lui permettant de concourir sans restriction pendant que son appel est en instance », ont-ils expliqué dans un communiqué.
Le 1er mai dernier, le Tribunal arbitral du sport avait rendu un verdict opposé. Il avait donné raison à l’IAAF.
La victoire a donc changé de camp. Mais elle reste très relative. Primo, la décision de la cour suprême suisse est « super-provisoire ». En clair, elle suspend l’application du règlement de l’IAAF, mais sans le renvoyer aux oubliettes. Le différend entre les deux parties est mis entre parenthèses, jusqu’à la tenue d’une nouvelle audience. Elle pourrait se tenir le 25 juin 2019. La Sud-Africaine n’a pas gagné sa bataille contre l’IAAF. Elle a seulement obtenu de poursuivre l’échange.
Deuxio, la décision du tribunal suisse concerne seulement Caster Semenya. Elle s’applique à son seul cas, non pas à ceux des autres athlètes hyperandrogènes, dont ses deux suivantes en finale du 800 m aux Jeux de Rio 2016, la Burundaise Francine Nyonsaba et la Kényane Margaret Wambui.
Il n’empêche, l’IAAF est désormais contrainte de présenter de nouveaux arguments. Surtout, elle se voit obligée de continuer à porter une affaire qui a déjà sérieusement écorné son image et celle de son président, le Britannique Sebastian Coe.
L’organisation internationale basée à Monaco s’est refusée, lundi, à commenter l’annonce de la décision de la justice suisse. « Nous n’avons reçu aucune information du tribunal fédéral suisse, il ne nous est donc pas possible de faire un commentaire », a expliqué un porte-parole de l’IAAF.
Caster Semenya, de son côté, a réagi à la nouvelle via ses avocats. « Je remercie les juges suisses pour cette décision. J’espère qu’à la suite de mon appel je serai de nouveau autorisée à courir librement », a-t-elle confié.
La décision de la justice suisse modifiera-t-elle son programme de compétitions ? Probable. Mais ses agents ont reconnu lundi soir que Caster Semenya n’avait pas encore décidé où, et quand, elle s’alignerait sur 800 m.
La Sud-Africaine est annoncée à Montreuil, près de Paris, mardi 11 juin. Sa présence a été confirmée. Elle devait initialement disputer le 2.000 m, une distance non concernée par le règlement de l’IAAF. Mais elle pourrait changer ses plans et opter pour le 800 m.
La suite reste très conditionnelle. Deux meetings de la Ligue de Diamant proposent un 800 m féminin, avant le 25 juin, date annoncée du prochain épisode du feuilleton : le 13 juin à Oslo, puis le 16 juin à Rabat. Caster Semenya est également engagée le 30 juin à Stanford, en Californie, pour le Prefontaine Classic. Elle doit y disputer le 3.000 m.