Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour le breakdance. Proposé par le COJO Paris 2024 comme sport additionnel, il devra franchir une nouvelle étape sur la route des Jeux, le 24 juin à Lausanne : obtenir le feu vert de la session du CIO. A priori, une formalité.
Dans l’attente de cette reconnaissance, la Fédération internationale de danse sportive se montre prudente. Mais elle prépare déjà son entrée dans l’univers olympique, à l’occasion des Jeux de Paris 2024. Jean-Laurent Bourquin, son conseiller et ancien directeur général, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : La Fédération internationale de danse sportive compte un grand nombre de disciplines. Pourquoi avez-vous choisi le breakdance pour postuler aux Jeux de Paris 2024 comme sport additionnel ?
Jean-Laurent Bourquin : On ne peut pas dire que nous ayons réellement été candidats avec le breakdance. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Au cours de l’été 2018, le CIO nous a envoyé un dossier. Puis nous avons attendu l’appel de Paris 2024. En début d’année, les gens du COJO nous ont contactés pour nous dire qu’ils voulaient nous rencontrer.
Vous aviez déjà fait acte de candidature comme sport additionnel pour les Jeux de Tokyo 2020, mais en présentant les danses latines. Pourquoi avez-vous changé de stratégie ?
Nous avons cherché à proposer des disciplines qui correspondent le mieux à l’ADN de l’événement. Pour les Jeux de Tokyo, les danses latines présentaient à l’époque de la décision de bonnes chances de médailles pour les Japonais.
Le jour de l’annonce de la sélection des sports additionnels, l’équipe de Paris 2024 a avancé le chiffre de 30 millions de pratiquants du breakdance dans le monde. D’où vient un tel chiffre ?
Il s’agit d’une estimation réalisée par le CIO. De notre côté, nous estimons à 1,2 million le nombre de compétiteurs de haut niveau actuellement dans le monde. Le breakdance occupe une place grandissante au sein de la Fédération internationale de danse sportive. Aux derniers championnats du Monde, organisés l’an passé, 81 nations ont été représentées.
La présence du breakdance parmi les sports additionnels aux Jeux de Paris 2024 vous a-t-elle surpris ?
Je ne dirais pas que nous avons été surpris. Après les Jeux de la Jeunesse 2018 à Buenos Aires, où le breakdance a incontestablement marqué des points, notre présence parmi les sports additionnels est devenue assez logique. Le succès de la discipline à Buenos Aires explique la suite.
Il a été dit que Thomas Bach avait joué un grand rôle dans la décision de Paris 2024 de choisir le breakdance…
Thomas Bach est un fan de sport. Je l’ai vu prendre beaucoup de plaisir à assister aux performances des danseurs aux Jeux de la Jeunesse à Buenos Aires. Il a réalisé que la discipline parlait aux jeunes et qu’elle avait un avenir olympique.
L’annonce de la présence du breakdance aux Jeux de Paris 2024 a-t-elle déjà un impact sur la discipline ?
Oui. En étant proposé comme sport additionnel, le breakdance a gagné une dimension sportive. Dans les clubs, la demande est en forte hausse pour participer à des cours. Les parents sont fiers, désormais, de dire que leur fille ou leur fils pratique le breakdance. Au cours des 3 mois qui ont suivi l’annonce de Paris 2024, nous avons eu un nombre supérieur à la moyenne de contacts pour organiser des compétitions de breakdance.
La question des sites des sports additionnels n’a pas encore été tranchée par le COJO Paris 2024. Avez-vous une préférence ?
La compétition de breakdance peut être organisée n’importe où, en intérieur comme en extérieur, dans une structure existante ou dans un site temporaire. Cette discipline offre les bénéfices les plus élevés pour les coûts les plus bas. Elle est extrêmement abordable, tout en ayant une énorme résonance auprès des jeunes et sur les réseaux sociaux.
Existe-t-il un débat, au sein de la communauté du breakdance, sur l’intérêt d’intégrer l’univers olympique ?
Après les Jeux de la Jeunesse à Buenos Aires, l’an passé, les stars du breakdance se sont exprimées pour dire que, si la discipline devenait olympique, elles voudront en être. Cette communauté est très active sur les réseaux sociaux. Après la médaille d’or du jeune Russe aux JOJ de Buenos Aires, la page Facebook de la chaîne olympique a enregistré plus d’un million de vues. Aujourd’hui, il existe peut-être seulement entre 5 et 10% des spécialistes du breakdance qui ne seraient pas partants pour les Jeux.