L’escalade n’est pas encore olympique. Mais elle le sera bientôt. La discipline compte parmi les cinq sports additionnels aux Jeux de Tokyo 2020. Sauf catastrophe, elle conserva son statut quatre plus tard aux Jeux de Paris.
Mardi 11 juin, une démonstration d’escalade a été proposée, sur l’esplanade J4 à Marseille, aux membres de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Paris 2024. La discipline a convaincu. Elle devrait passer sans encombre la prochaine étape de son parcours olympique : la validation par la session du CIO, le 24 juin à Lausanne, comme sport additionnel à Paris 2024.
Comment se présentent ses débuts aux Jeux de Tokyo ? Existe-t-il déjà un effet olympique ? Qu’attendre des Jeux de Paris 2024 ? L’Italien Marco Maria Scolaris (photo ci-dessous), le président de la Fédération internationale d’escalade (IFSC), a répondu aux questions de FrancsJeux.
A un peu plus de 400 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, où en est la préparation du site et de la compétition d’escalade ?
Marco Maria Scolaris : Nous n’avons pas encore la moindre expérience olympique, mais je suis très impressionné par les Japonais. Je n’ai encore jamais vu une préparation aussi avancée. Nous avons multiplié les échanges et les contacts avec les Japonais. Il a fallu apprendre à nous connaître. Nous avons beaucoup appris à leur contact. L’inverse est vrai aussi. A ce jour, nous n’avons connu aucun problème majeur.
Etes-vous satisfait du site de compétition aux Jeux de Tokyo 2020 ?
Initialement, nous devions le partager avec le skateboard. Mais les Japonais ont modifié leurs plans. Nous le partagerons finalement avec le basket-ball 3×3. Le site est extérieur. La chaleur risque d’être élevée. Mais nous pourrons disposer, à proximité de l’espace de compétition, d’une aire d’initiation. Nous avons testé ce concept aux Jeux de la Jeunesse à Nankin en 2014 puis l’an passé à Buenos Aires. Dans les deux cas, le succès a été au rendez-vous. Nous espérons la même réussite aux Jeux de Tokyo.
Que représente l’escalade au Japon ?
Un sport énorme. Mais, curieusement, un sport qui était méconnu des médias. Depuis la décision des organisateurs des Jeux de choisir l’escalade comme sport additionnel, les choses ont complètement changé. Aujourd’hui, plus de 100 journalistes japonais suivent les étapes de la Coupe du Monde. Et nous travaillons depuis 3 mois avec l’agence japonaise Dentsu.
Ressentez-vous déjà, à l’IFSC, un premier impact olympique ?
En termes de revenus, pas vraiment. A ce stade, nous ne recevons pas encore la subvention du CIO versée aux fédérations internationales. Nous espérons la percevoir entre les Jeux de Tokyo 2020 et ceux de Paris 2024, mais rien d’officiel n’a été communiqué sur cette question. Nous touchons seulement une aide de Tokyo 2020 dans le cadre de la préparation des Jeux.
Et en termes de pratique ?
Le nombre de salles augmente un peu partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Le nombre de pratiquants est lui aussi en hausse, surtout en indoor. Mais l’impact des Jeux reste à venir. Après les Jeux de Tokyo 2020, la progression devrait nettement s’accélérer.
L’escalade compte parmi les trois disciplines, avec le surf et le skateboard, choisies comme sport additionnel à Tokyo 2020 et Paris 2024. Le processus de sélection a-t-il été très comparable entre les deux événements ?
Non. A Tokyo, nous avons passé deux jours à enchaîner les interviews. A Paris, nous avons présenté notre sport pendant 1 h à 1 h 30.
Etiez-vous confiant dans vos chances de rester sport additionnel aux Jeux de Paris 2024 ?
Après avoir été choisi pour Tokyo 2020, il semblait logique de poursuivre à Paris 2024. La France est l’un des pays leaders dans le monde en termes de résultats, mais également de pratique scolaire. L’escalade y compte un très important public. Nous avons rempli deux fois Bercy à l’occasion des championnats du Monde.
La question du site des sports additionnels n’a pas encore été tranchée par le COJO Paris 2024. Dans l’idéal, où aimeriez-vous aller ?
Il est possible d’installer un mur d’escalade quasiment partout. Y compris devant la pyramide du Louvre. Dans l’idéal, nous aimerions un site capable tout à la fois de valoriser la ville et de permettre au public de s’initier à l’escalade. Nous sommes très attachés, comme les gens de Paris 2024, à l’idée de faire pratiquer le public à l’occasion des Jeux.
La présence de l’escalade sera-t-elle très différente entre les Jeux de Tokyo 2020 et ceux de Paris 2024 ?
Elle le sera forcément. A Tokyo, les trois disciplines seront combinées pour distribuer une seule médaille d’or. A Paris, nous aurons deux épreuves à médailles : la difficulté et le bloc d’un côté, la vitesse de l’autre. Mais les différences iront au-delà de ce seul élément du programme. A Tokyo, nous avons vraiment apprécié l’échange culturel avec les Japonais, mais nous sommes Européens. A Paris, nous serons chez nous.