Un pas en avant, deux pas en arrière pour le sport russe. Selon l’agence Reuters, deux boxeurs bannis pour dopage ont participé l’an passé à des compétitions officielles en Russie.
Islam Dashaev et Alena Tokarchuk, tous deux sous le coup d’une suspension pour manquement aux règles antidopage, figurent l’un et l’autre dans les feuilles de résultats de deux tournois organisés sur le sol national. Leurs noms comptaient pourtant parmi les nombreux athlètes exclus par l’Agence russe antidopage (RUSADA).
Islam Dashaev purge toujours une suspension de 4 ans, infligée en 2017 pour des violations des règles antidopage, dont un refus de contrôle. En août 2018, il a pourtant enfilé les gants à l’occasion d’une compétition nationale organisée dans la ville d’Anapa, sur la côte russe de la mer Noire. Selon les résultats du tournoi, il a remporté un combat avant d’en perdre un autre, dans la catégorie des 81 kg.
Alena Tokarchuk, de son côté, s’est classée à la troisième place de la catégorie des 54 kg au championnat de Moscou féminin des moins de 20 ans, en janvier et février 2018. Elle a pourtant elle aussi été suspendue pour dopage, pour une période de 2 ans, en novembre 2017, après avoir été contrôlée positive au furosémide, un produit figurant sur la liste des diurétiques et agents masquants interdits par l’AMA.
L’affaire n’est pas anodine. Elle en dit long sur la culture du dopage dans le sport russe. Surtout, elle suggère que certaines fédérations sportives nationales, dont la boxe, ignorent ou feignent d’ignorer les recommandations et les données de RUSADA.
Contactée par Reuters, l’agence russe antidopage a assuré ne pas être courant du cas troublant de ces deux boxeurs. « Nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles ces athlètes suspendus ont participé à des compétitions qui se sont déroulées sous la juridiction de la Fédération de boxe russe et avec son soutien, a déclaré Margarita Pakhnotskaya, la directrice générale adjointe de RUSADA. Mais le fait que de tels athlètes aient participé à des compétitions est alarmant. »
A la Fédération russe de boxe, les officiels interrogés plaident eux aussi l’ignorance. L’un de ses dirigeants, Valery Karadutov, présent sur l’une des compétitions, a juré ses grands dieux ne jamais avoir été informé de la suspension des boxeurs.
« Cette information ne m’a pas été communiquée, ni au juge en chef, plaide-t-il. Nous n’avions aucun moyen de le savoir. »
Mais Tatyana Kiriyenko, la directrice adjointe de la fédération, a confirmé à l’agence russe TASS que les deux athlètes avaient effectivement participé à deux tournois pendant leur période de suspension. « Nous avons mené une enquête, examiné les rapports, dit-elle. Ces deux athlètes ont pris part à des compétitions. »
A RUSADA, le son de cloche se révèle différent. L’organisation russe, réintégrée par l’AMA en début d’année, assure que la Fédération russe de boxe a été informée des suspensions d’Islam Dashaev et d’Alena Tokarchuk en temps opportun. Elle précise que la liste des athlètes faisant l’objet de sanctions pour dopage est publiée sur son site Internet.
Mais l’agence russe explique également par la voix de sa sous-directrice, Maragarita Pakhnotskaya, que le nombre d’événements sportifs organisés à travers la Russie est trop important pour « le nombre et les capacités des employés de RUSADA ».
A l’AMA, le discours se veut prudent. L’agence basée à Montréal L’AMA annonce qu’elle suivra l’affaire de près auprès de RUSADA et des « fédérations internationales concernées. » Un nouveau dossier à traiter pour l’AIBA.