Un nouveau scandale Larry Nassar ? Pas si vite. Mais aux Etats-Unis, l’affaire s’annonce explosive.
Ashley Wagner, la vice-championne du monde de patinage artistique en 2016, a créé la sensation en révélant, jeudi 1er août, avoir été agressée sexuellement par un ancien patineur, John Coughlin. Les faits remontent à l’année 2008. La jeune femme était alors âgée de 17 ans. Son agresseur en avait cinq de plus.
Le récit de ses aveux a été publié jeudi par le quotidien américain USA Today. Ashley Wagner, 28 ans, accuse John Coughlin de l’avoir agressée, en juin 2008 après une fête entre coéquipiers, pendant un stage national de patinage organisé à Colorado Springs. Selon la patineuse, le natif du Missouri se serait glissé dans son lit, l’aurait embrassée et lui aurait fait subir des attouchements.
Ashley Wagner explique : « J’étais complètement paralysée par la peur. Je suis allée dans cette maison pour m’amuser avec mes amis. Et il a brisé tout ça. »
Précision d’importance : John Coughlin (photo ci-dessous) n’est plus là pour se défendre. L’ancien patineur, champion des États-Unis des couples en 2011 avec Caitlin Yankowskas, puis l’année suivante avec Caydee Denney, s’est donné la mort en janvier dernier. Il avait 33 ans.
Devenu entraîneur et analyste télé, après la fin de sa carrière d’athlète, John Coughlin avait été suspendu à titre provisoire en décembre 2018, tout à la fois par la Fédération américaine de patinage et par le centre américain pour un sport sûr (Safesport).
A l’époque, les deux organisations n’avaient pas souhaité révélé les faits dont il était soupçonné. Mais son ancienne partenaire, Bridget Namiotka, a confié quelques mois après son suicide qu’il l’avait agressée sexuellement « pendant deux ans. » La jeune femme a également confié : « John a fait souffrir au moins dix personnes, dont moi. »
Ses aveux, rédigés par écrit dans un essai à la première personne, mais également enregistrés dans une vidéo de 9 minutes, Ashley Wagner les accompagne d’une remise en question des institutions sportives américaines. « Je ne savais pas ce qui allait se passer, confie-t-elle. J’avais peur que ma fédération me voie sous un autre jour. Tout cela s’est passé au moment où ma carrière commençait à peine à décoller. Pour moi, tout cela était nouveau et excitant. Je ne voulais pas compromettre ma place dans ce sport. »
La jeune femme poursuit : « Pour moi, il ne s’agit pas seulement de révéler un nom. Il s’agit de tout l’environnement qui a permis à cet acte de se produire. Je veux que ce problème soit réel pour les gens, et qu’ils comprennent la dynamique de mon sport, où les déséquilibres du pouvoir existent encore aujourd’hui. »
La disparition de John Coughlin devrait logiquement écarter toute possibilité d’un scénario à la Larry Nassar. A la différence du scandale de la gymnastique américaine, l’accusé ne sera pas poursuivi par les tribunaux. Il ne comparaîtra pas devant la justice habillé de la tenue orange des détenus.
Mais les révélations d’Ashley Wagner interviennent au pire moment pour le mouvement olympique américain. En début de semaine, deux sénateurs des Etats-Unis, le Républicain Jerry Moran (Kansas) et le Démocrate Richard Blumenthal (Connecticut), ont déposé un projet de loi relatif aux responsabilité des institutions sportives dans le scandale Larry Nassar.
Le texte, qui s’appuie sur une enquête de 18 mois, propose notamment que le Congrès ait le pouvoir de destituer la totalité du conseil d’administration du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), dans l’hypothèse où il était prouvé que ses membres n’ont pas été capables de protéger les athlètes.
L’affaire Larry Nassar n’a pas seulement fissuré tout l’édifice de la Fédération américaine de gymnastique, jusqu’à faire tomber une à une toutes les têtes dirigeantes et provoquer une fuite des sponsors. Elle a également fait le ménage au comité olympique. Son ancien directeur général, Scott Blackmun, y a perdu sa place.
Les révélations d’Ashey Wagner auront-elles le même impact dans le patinage artistique ? Peu probable, mais pas complètement exclu.