Une bombe. Un séisme. Selon le quotidien milanais Corriere della Sera, l’Italie pourrait se voir exclue des Jeux de Tokyo 2020. Ses athlètes en seraient privés. Sa délégation resterait à la maison.
La raison ? Politique. Le quotidien italien fait état d’un courrier envoyé cette semaine par le CIO au président du comité national olympique italien (CONI), Giovanni Malago. Le document évoque la discussion par le parlement italien de textes de loi susceptibles de mettre en péril l’indépendance du CONI. Il menace le mouvement olympique italien d’une exclusion dans le cas où les textes en question étaient adoptés par les parlementaires.
Le CIO est formel : l’adoption par le parlement de Rome de lois limitant l’indépendance du CONI aboutirait à rendre l’organisation présidée par Giovanni Malago « non-conforme aux principes de la Charte olympique. »
La Charte en question précise en effet, en toutes lettres, l’obligation de non ingérence des autorités politiques dans le fonctionnement d’un comité national olympique. En 2015, le Koweït s’était risqué à ignorer ce sacro-saint principe, pourtant gravé dans le marbre. Le CIO avait alors réagi en imposant la méthode forte. Le comité national olympique avait été suspendu. Aux Jeux de Rio 2016, les athlètes koweïtiens avaient défilé et concouru sous drapeau neutre. La suspension a été levée seulement au début du mois de juillet 2019.
Dans le cas de l’Italie, l’une des nations fortes du mouvement olympique (trois membres au CIO, 28 médailles aux Jeux de Rio 2016), un tel scénario aurait un effet dévastateur. Par ricochet, l’Italie pourrait se voir contrainte de renoncer à organiser les Jeux d’hiver en 2026, attribués en juin dernier à Milan et Cortina d’Ampezzo.
Peu probable ? A ce stade, sans doute. Mais le CIO semble prendre l’affaire très au sérieux. Il dénonce le fait que « le CONI ne devrait pas être réorganisé par des décisions unilatérales du gouvernement », ou que « les domaines liés aux activités du CONI devraient être déterminés conjointement avec eux, conformément à la Charte olympique. »
L’organisation basée à Lausanne rappelle, dans son courrier, que « l’autonomie du sport est formellement établie dans une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée à New York en octobre 2014. » Elle invite le CONI à « porter ces préoccupations graves à l’attention urgente des plus hautes autorités gouvernementales. »
Selon la presse italienne, Thomas Bach aurait alerté le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, à l’occasion de la session du CIO à la fin du mois de juin dernier à Lausanne. Mais l’organisation olympique ayant massivement voté pour le dossier porté par Milan et Cortina d’Ampezzo pour les Jeux d’hiver en 2026, l’élu italien n’a pas pris la menace très au sérieux. A tort.
Le message est clair : pas question d’attendre. Le CIO parle d’une situation d’urgence. Il se déclare prêt, dans sa lettre révélée par le Corriere della Sera, à organiser dans les plus brefs délais, dès cette semaine, « une réunion conjointe » au siège de l’organisation olympique à Lausanne. L’heure est grave.