Le skateboard sera bientôt olympique. Et il pourrait bien le rester. La discipline fera ses débuts dans moins d’un an, comme sport additionnel, aux Jeux de Tokyo 2020. Sauf improbable retournement de situation, elle devrait prolonger l’aventure quatre ans plus tard aux Jeux de Paris 2024.
Génial ? Pas pour tout le monde. Dans l’univers du skateboard, une voix se fait entendre pour douter de l’opportunité pour la planche à roulettes, ses meilleurs athlètes et sa culture urbaine, de pousser la porte de l’univers olympique.
Tony Hawk était présent à Chelles, dans la grande banlieue parisienne, en fin de semaine passée. L’Américain, légende vivante du skateboard, était l’invité d’un événement organisé par un équipementier. Il a confié à Reuters son sentiment sur l’arrivée du skateboard aux Jeux olympiques.
« Ce qui m’inquiète, avec tout cela, est que les les jeunes se mettent à pratiquer le skate pour de mauvaises raisons, comme la recherche de la gloire ou de la fortune, a expliqué Tony Hawk. A mes yeux, notre sport a tellement plus à offrir, surtout aux jeunes. Je pense notamment à la confiance en soi, à la recherche de sa propre identité, ou encore à la possibilité de repousser ses limites. Mais pour cela, nul besoin de se lancer dans la compétition. »
Le message est clair. Pour Tony Hawk, l’entrée du skateboard sur la scène olympique n’est pas sans risque. Elle pourrait dénaturer un certain état d’esprit de la discipline, basé sur une forme de liberté, loin du carcan des règles de la compétition.
Le débat n’est pas nouveau. Il rappelle les doutes émis par certains spécialistes du snowboard avant l’arrivée de leur sport aux Jeux d’hiver, à Nagano en 1998.
Tony Hawk va plus loin. Selon lui, le CIO a plus à gagner que le skateboard dans la présence de la discipline aux Jeux de Tokyo 2020, puis quatre plus tard à Paris 2024. « J’ai l’impression qu’ils ont plus besoin de nous, de notre image de sport cool, que nous de leur validation », suggère l’Américain.
Professionnel de la planche à roulettes depuis l’âge de 14 ans, en 1982, Tony Hawk a tracé sa route à une époque où le CIO observait encore son sport avec un regard lointain, voire indifférent. A l’évidence, il ne le regrette pas.
« Au cours de toutes ces années, pendant ma carrière de skateur professionnel, je n’avais pas grand-chose à faire des Jeux olympiques, raconte-t-il. Nous avions déjà notre propre circuit. Et je trouvais le skateboard beaucoup plus amusant et populaire que la plupart des sports olympiques. Je suis vraiment heureux d’avoir grandi et évolué à une époque où nous devions faire nos preuves par notre engagement et notre personnalité, non pas via la reconnaissance d’une institution supérieure. »