Alerte rouge à Tokyo. A l’heure où les organisateurs des prochains Jeux d’été égrainent les tests pré-olympiques avec patience et application, la chaleur s’invite dans le décor. Elle était attendue, certes, mais sûrement pas avec une telle intensité.
Au dernier pointage, samedi 10 août, la canicule qui règne actuellement au Japon aurait provoqué la mort de 162 personnes sur l’ensemble de l’archipel. La semaine passée, un ouvrier employé sur le site de Big Sight, où sera installé l’an prochain le centre principal des médias, a succombé après avoir perdu connaissance en raison de l’extrême chaleur dans la capitale.
Sur les sites de compétition, l’inquiétude devient palpable. Dimanche 11 août, une douzaine de personnes ont été soignées lors de la journée des finales des championnats du monde juniors d’aviron, une compétition désignée comme test pré-olympique sur le nouveau plan d’eau de Sea Forest Waterway.
Selon la Fédération japonaise d’aviron, 10 rameurs ont souffert de malaise, pour l’essentiel au moment des cérémonies de remise des médailles, organisées en plein air.
A en croire les médias japonais, les spectateurs des Mondiaux juniors d’aviron ont été parmi les plus touchés par les températures mesurées sur le site de compétition. Pour réduire les coûts du nouveau plan d’eau, dont la construction a été bouclée au mois de mai dernier, les Japonais ont renoncé à couvrir d’un toit environ la moitié de la tribune de 2.000 places, orientée sud-est. Dimanche 11 août, la température a atteint 33,7° aux endroits directement exposés au soleil.
Dépêchés en urgence sur le site, des représentants du gouvernement métropolitain de Tokyo ont distribué aux spectateurs des produits réfrigérants et installé des tentes anti-chaleur pour protéger du soleil la zone d’attente des navettes.
Même cause, et effets quasi identiques, pour l’épreuve pré-olympique de natation en eau libre, organisée dimanche 11 août sur le site d’Odaiba à Minato Ward.
Le départ de la course masculine, un 5 km, avait été initialement prévu à 10 heures. ll a été avancé à 7 heures. En cause, la température de l’eau, mesurée à 29,9 ° dès 5 heures le matin. Selon les règlements de la FINA, une compétition ne peut pas avoir lieu si la température de l’eau dépasse 31°.
Commentaire du Tunisien Oussama Mellouli, champion olympique sur 10 km aux Jeux de Londres en 2012 : « C’est la course la plus chaude à laquelle j’ai participé. Je me suis senti bien sur les deux premiers kilomètres, puis j’ai été en surchauffe. »
« La température était tellement élevée que je suis un peu inquiète, a suggéré la Japonaise Yumi Kida. L’eau était un peu puante et vraiment pas très claire. »
A la FINA, la question est prise très au sérieux. Cornel Marculescu, le directeur exécutif, a promis la création d’un groupe d’experts, composé de représentants de la FINA et de Tokyo 2020, censé surveiller la qualité et la température de l’eau dans la période précédant les Jeux.
Les résultats de ses études pourraient modifier le programme des compétitions. « Selon ses informations, nous déciderons de l’heure du début de la course, explique Cornel Marculescu. Ce pourrait être 5 h, 5 h 30, 6 h, 6 h 30… Tout dépend de la température de l’eau ».