Le pari était osé. Il s’annonce déjà gagnant. A un mois pile de l’ouverture, la Coupe du Monde de rugby 2019 au Japon (20 septembre au 2 novembre) affiche fièrement ses chiffres. Ils font rêver.
L’audience, d’abord. World Rugby est formel : la neuvième édition du Mondial de rugby, le premier de l’histoire organisé en dehors du cercle étroit des pays traditionnels du ballon ovale, battra tous les records du genre. L’organisation internationale basée à Dublin annonce dans un communiqué que les images du tournoi seront accessibles à plus de 800 millions de foyers, dans 217 pays ou territoires. Sa diffusion surpassera donc les 683 millions de foyers touchés par le Mondial 2015 en Angleterre, pourtant présenté comme un cru record.
World Rugby en profite pour rappeler que le Mondial 2019 au Japon sera le premier, depuis la création de l’événement en 1987, à être entièrement produit par ses propres équipes. Le résultat d’un accord de coopération conclu avec l’International Games Broadcast Services (IGBS).
Mais le meilleur est ailleurs. Au Japon, précisément. Selon la dernière étude en date, toute fraîche, le Mondial 2019 pourrait se révéler un véritable jackpot pour le pays hôte, notamment en termes de retombées touristiques..
Les organisateurs estiment que le tournoi pourrait rapporter 437,2 milliards de yens, soit 4 milliards de dollars, en retombées économiques. La vente des places y contribuera largement, mais également le merchandising et surtout, moins prévu, les dépenses sur place des 400.000 visiteurs étrangers attendus au Japon pendant les sept semaines de la compétition.
Selon un rapport sur l’impact économique du Mondial de rugby 2019, « les fans des pays lointains ont tendance à rester plus longtemps, certains séjournant jusqu’à plusieurs semaines. Les visiteurs qui viendront au Japon pour le tournoi devraient dépenser en moyenne 20.000 yens par jour (170 euros). »
Le chiffre en dit long. Mais à un mois du match d’ouverture, entre le Japon et la Russie, les Japonais restent prudents. Ils refusent de s’emballer. Au contraire, les experts sont nombreux à manier les estimations avec prudence.
En cause, une culture nationale où le sport a toujours été perçu comme un outil éducatif, voire de santé publique, mais moins comme une arme économique. Selon Takayuki Katsurada, un expert du secteur bancaire, « la clé est de savoir si le Japon saura offrir aux spectateurs étrangers une offre qui les encouragent à rester et à dépenser. Il y a une barrière de la langue. Et les étrangers ont encore tendance à avoir l’impression que le Japon est sujet aux catastrophes naturelles et donc peu sûr. »
A moins d’une année des Jeux de Tokyo, la Coupe du Monde de rugby 2019 prendra des allures de test grandeur nature sur la capacité du Japon à exploiter à fond le potentiel économique d’un événement sportif de dimension planétaire. Le tournoi se déroulera dans 12 villes, pour un total de 48 matches et une affluence attendue de 1,8 million de spectateurs.
En postulant pour le Mondial de rugby 2023, puis pour les Jeux d’été une année plus tard, le gouvernement japonais espérait augmenter de façon spectaculaire la place du sport dans l’économie nationale.
Mais Takayuki Katsurada prévient : « Pour que cette croissance soit durable, il est important que le Japon fasse passer le message de manière proactive que le sport peut être une nouvelle activité. » Et l’expert de citer, en vrac, les secteurs de l’hospitalité et du tourisme sportif, encore peu exploités. Avec les deux événements en moins de 12 mois, l’occasion est unique.