Qui sera le dernier porteur de la flamme olympique aux Jeux de Tokyo 2020 ? Sauf colossale surprise, la réponse ne sera pas connue avant la soirée de la cérémonie d’ouverture, vendredi 24 juillet 2020. Mais la question passionne déjà les médias et le public japonais.
Pour faire simple, deux camps s’affrontent dans le débat sur l’identité de l’ultime relayeur du parcours du flambeau. Pour les uns, le privilège doit revenir à un inconnu à forte portée symbolique. Ils rappellent comme une évidence le choix des organisateurs des Jeux de Tokyo en 1964. La vasque avait été allumée par Yoshinori Sakai, un athlète universitaire de 19 ans, né à Hiroshima le 6 août 1945, jour du bombardement atomique américain. Une façon pour le Japon des années 60 de s’afficher aux yeux du monde comme un pays ayant réussi sa reconstruction.
Dans le camp de ces aficionados du symbole, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. Les médias nationaux suggèrent qu’il pourrait user de son influence, présumée considérable, pour donner à la cérémonie une dimension résolument post-Fukushima. Le dernier porteur de la flamme pourrait, dans un tel scénario, être originaire de la région dévastée. Et même, qui sait, être né au moment de la catastrophe, pour un remake des Jeux de Tokyo 1964. Une option très nucléaire, sans doute un peu trop.
L’autre camp, plus directement sportif, soutient que le choix doit se faire entre les athlètes les plus illustres, voire les plus représentatifs, du sport japonais. La liste s’avère assez longue. Mais plusieurs noms sont souvent cités.
En tête, une femme. Saori Yoshida, 36 ans, peut se vanter d’avoir décroché trois médailles d’or olympiques en lutte, au cours de trois Jeux consécutifs, Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012. En prime, elle a collectionné 13 titres consécutifs de championne du monde, mieux que la légende russe Alexandre Karelin. Une candidate solide.
Souvent cité, également, Shohei Ohtani. Une star, une vraie. Recruté en 2017 par les Los Angeles Angels, en ligue majeure de baseball, il a déjà gagné le surnom de « Babe Ruth japonais ». Excessif, sans doute, mais le stade olympique de Tokyo fondrait sans doute d’émotion à le voir allumer la flamme.
Aux Jeux d’hiver à Albertville, en 1992, Jean-Claude Killy et Michel Barnier, les deux présidents du comité d’organisation, avaient créé l’événement en choisissant un athlète issu des sports d’été. Michel Platini avait allumé la flamme. Un choix contesté mais à l’impact planétaire.
Pour Tokyo 2020, Yuzuru Hanyu pourrait prolonger le sillon. Champion olympique de patinage artistique à Sotchi en 2014 puis à PyeongChang l’an passé, il apparaît comme l’un des candidats les plus sérieux. En prime, il pourrait réunir les deux camps, étant originaire de Sendai, une ville du nord de l’archipel frappée par le tsunami de 2011.
Les autres noms se révèlent plus attendus. Citons, en vrac, le judoka Tadahiro Nomura, triple champion olympique de judo, le nageur Kosuke Kitajima, ou encore la marathonienne Naoko Takahashi. Classique mais sans la moindre faute de goût.
Enfin, deux jeunes femmes pourraient mettre tout le monde d’accord. La première, Naomi Osaka (photo ci-dessus), victorieuse de l’US Open de tennis en 2018 et de l’Open d’Australie 2019, présente un atout de taille : ses origines. Née d’un père haïtien et d’une mère japonaise, elle pourrait symboliser à merveille un Japon désormais plus ouvert à la diversité.
La seconde avoue seulement 20 ans, mais son étoile brille déjà très haut. Hinako Shibuno a remporté l’Open de Grande-Bretagne de golf en début de mois, pour sa première sortie hors du Japon. Son père était lanceur de disque, sa mère une spécialiste du javelot. Elle serait la première joueuse de golf à allumer une vasque olympique. Pas forcément un mauvais choix dans un pays où l’industrie de la discipline ne connaît pas la crise.