La monotonie et l’ennui semblent avoir quitté le monde merveilleux de l’AIBA. Les surprises succèdent aux retournements de situation. Le feuilleton se déroule sans temps mort. Seul ennui : le scénario s’apparente de plus en plus à un film catastrophe.
Dernier épisode, l’un des plus abracadabrants depuis le début de la crise, débutée deux ans en arrière : une réunion du comité exécutif, samedi 31 août 2019 à Istanbul. Le Marocain Mohamed Moustahsane, appelé en mars dernier à assurer la présidence par intérim de l’AIBA après la mise à l’écart du sulfureux Ouzbek Gafur Rakhimov, devait rendre les clefs de son bureau. Il avait annoncé plus tôt dans le mois sa décision de démissionner, citant d’obscures « raisons familiales ».
Mais, surprise, Mohamed Moustahsane a changé subitement d’avis. Selon plusieurs sources, le Marocain a effectué un virage à 180°. Il ne démissionne plus.
Autre décision prise par le comité exécutif, samedi à Istanbul : le renvoi du directeur général de l’AIBA, l’Américain Tom Virgets. Aux commandes d’un navire en perdition depuis l’an passé, il était censé abandonner la barre en juin dernier. Il avait été prolongé de plusieurs mois.
Samedi, un vote du comité exécutif a mis fin à sa fonction. Par 11 voix contre 6, l’organe de décision de l’AIBA a décidé de lui indiquer la sortie. Précision non sans importance : Tom Virgets restait l’un des quatre derniers permanents de l’AIBA, à Lausanne. Sans lui, ils ne seront donc plus que trois à tenter de maintenir à flots une organisation exclue du mouvement olympique, privée des subventions du CIO et plombée par une dette estimée à 20 millions de dollars.
La suite est à l’avenant. L’équipe dirigeante de l’AIBA a également pris la décision de repousser l’élection d’un nouveau président. Elle devait initialement se dérouler en novembre, à l’occasion d’un congrès extraordinaire organisé à Lausanne. Elle est repoussée au mois de mars 2020. La raison ? Mystère. Mohamed Moustahsane reste donc aux commandes de l’organisation, mais toujours en intérim, jusqu’au printemps prochain.
Enfin, le week-end a été marqué par la démission d’un historique de la maison. Le Canadien Pat Fiacco quitte le bateau. Il l’a annoncé au site Aroundtherings, dimanche, au lendemain de la réunion à Istanbul du comité exécutif, dont il était l’un des membres. Le Canadien explique sa décision par les récentes mesures de l’organe suprême de l’AIBA, totalement contraires à ses yeux aux attentes du CIO sur les questions d’éthique, de finances et de gouvernance. A en croire Pat Fiacco, plusieurs autres dirigeants de l’AIBA pourraient bientôt l’imiter et rendre leur tablier.
Mauvais hasard du calendrier : cette nouvelle succession de dérapages intervient à une semaine des championnats du monde masculins AIBA, prévus du 7 au 21 septembre à Sotchi, en Russie. Ils seront suivis par la version féminine, également prévue en Russie.
Les deux événements étaient initialement censés distribuer une généreuse volée de quotas pour les Jeux de Tokyo. Plus maintenant. Depuis l’exclusion de l’AIBA, le CIO pris les choses en mains. L’organisation olympique a dévoilé en fin de semaine passée le calendrier des tournois de qualification pour les Jeux de 2020. Les boxeurs savent désormais où aller pour décrocher leur billet. Leur fédération internationale, elle, navigue toujours en plein brouillard.