Retour à la case départ pour le sport russe ? Possible. Selon une source anonyme, citée par Associated Press, les données du laboratoire de Moscou transmises en début d’année à l’Agence mondiale antidopage seraient plus que douteuses. Elles auraient été manipulées avant de prendre l’avion pour le Canada, au siège mondial de l’AMA.
L’affaire est d’importance. Citant une source proche du dossier mais souhaitant conserver l’anonymat, AP révèle que l’AMA aurait des soupçons sur l’authenticité des milliers de données extraites au laboratoire de Moscou. Un rapport du comité de révision de la conformité (CRC) de l’agence internationale les détaille noir sur blanc. Il est présenté ce lundi 23 septembre au comité exécutif de l’AMA, réuni à Tokyo. Le même rapport sera étudié, également lundi, par le Conseil de l’IAAF à Doha.
La même source anonyme a confirmé l’information à l’AFP. Un journaliste de la chaîne allemande ARD, Hajo Seppelt, spécialiste des questions de dopage, a prolongé l’information sur Twitter, assurant que les Russes « sont soupçonnés d’avoir manipulé les données du laboratoire de Moscou » remises à l’AMA au début de l’année 2019, après plusieurs mois d’un pas de deux qui faillit bien ne jamais se terminer.
Le sport russe sera-t-il une nouvelle fois sanctionné ? L’agence russe antidopage (RUSADA) sera-t-elle à nouveau déclarée non conforme ? Prudence. La même source a précisé à l’AFP que « les Russes doivent encore s’expliquer. » Un porte-parole de l’AMA a confié, de son côté, que le rapport en question ne serait pas rendu public avant la réunion du comité exécutif de l’agence.
Il n’empêche, l’information jette un nouveau pavé dans la mare. Elle pourrait, en cas de confirmation, faire reculer la Russie de plusieurs pas. Et même, qui sait, présager d’une nouvelle suspension du sport russe, à moins d’une année des Jeux de Tokyo 2020. Difficile, en effet, d’imaginer le CIO rester les bras croisés s’il était avéré que les autorités russes ont volontairement corrompu les données du laboratoire de Moscou pour en effacer les traces de dopage les plus visibles.
Dans l’immédiat, le rapport du comité de révision de la conformité rend très hypothétique la levée de la suspension, par le Conseil de l’IAAF, de la Fédération russe d’athlétisme. Elle doit être discutée ce lundi 23 septembre à Doha. Ces nouveaux éléments donneront à Sebastian Coe et les autres membres du Conseil toutes les bonnes raisons de prolonger la mise à l’écart.
Pour rappel, 29 athlètes sont autorisés à disputer, sous couvert de neutralité, les Mondiaux 2019 à Doha (27 septembre au 6 octobre). Les autres, dont les dossiers ont tous été rejetés par l’IAAF, les suivront devant la télévision.
La suite des événements pourrait réserver son lot de surprises. L’AMA a annoncé au début du mois de juillet avoir découvert près de 300 cas d’athlètes russes, toutes disciplines confondues, présentant « les données les plus suspectes ». Les dossiers jugés très douteux, au nombre de 43, ont été transmis aux fédérations internationales concernées.
Depuis, la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF) est la seule à être sortie du bois. Elle a annoncé la suspension de 12 athlètes russes. Les autres organisations internationales n’ont pas encore bougé un cil.
Selon AP, l’Agence russe antidopage (RUSADA) ne serait pas la plus menacée. Elle posséderait des chances sérieuses d’obtenir gain de cause devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), dans l’hypothèse où l’AMA déciderait de lui indiquer une nouvelle fois la sortie. Elle pourrait en effet aisément démontrer n’être en aucune manière impliquée dans la manipulation des données du laboratoire de Moscou.
Mais les récents efforts de la Russie pour se refaire une image ne pèseraient plus très lourd s’il était avéré que les données du laboratoire de Moscou ont été falsifiées. Retour en prison, sans passer par la case départ.