La chaleur s’invitera-t-elle aux Jeux de Tokyo 2020 ? Et, avec elle, les risques de malaise pour les athlètes, la famille olympique et les spectateurs ? Probable. La canicule a sévi au Japon ces deux derniers étés. Il faudrait un miracle pour qu’elle épargne l’archipel en juillet et août prochains.
Inquiétant. Sur le terrain, pourtant, le risque pourrait se révéler moins réel qu’annoncé. Aux derniers championnats du monde juniors d’aviron, l’épreuve pré-olympique de la discipline, organisés du 7 au 11 août 2019 à Tokyo, elle n’a pas perturbé les compétitions. Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA), l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Il a beaucoup été question de la chaleur, au cours des dernières semaines à Tokyo. A-t-elle affecté, voire perturbé, les championnats du monde juniors d’aviron ?
Jean-Christophe Rolland : La chaleur constitue un réel problème. Mais elle n’a pas perturbé le déroulement des Mondiaux juniors organisés sur le futur bassin olympique. Nous n’avons jamais atteint l’indice WBGT (température, humidité et rayonnement solaire sur l’homme) où il n’est pas possible de disputer une épreuve. Pour les athlètes, les conditions ont été très bonnes. Nous avons relevé seulement deux cas de rameurs ayant fait un malaise après l’arrivée. Ce nombre est en réalité inférieur à la moyenne dans une telle compétition, où les athlètes donnent le maximum. Pour les spectateurs, en revanche, la chaleur sera un réel problème. Il faudra les éduquer à s’en protéger.
Les épreuves olympiques d’aviron seront-elles avancées dans la journée, l’an prochain à Tokyo, comme le marathon et les compétitions de marche ?
Oui. Elles débuteront à 8 h 30, pour finir avant midi. Nous devrions ainsi éviter le moment le plus chaud de la journée. Avancer encore, pour débuter les courses avant 8 h 30, n’aurait pas été compatible avec les contraintes des spectateurs. Il n’est pas question de disputer des courses devant des tribunes à moitié pleines, avec une partie du public encore en train de rejoindre le site.
Le transport est également pointé comme un problème potentiel pendant les Jeux de Tokyo 2020. Craignez-vous qu’il perturbe l’événement ?
Nous en discutons depuis longtemps, avec le comité d’organisation et avec le CIO. Les athlètes n’en seront pas victimes. Mais les spectateurs devront prendre leurs précautions. Le site d’aviron n’est pas accessible en voiture particulière, mais il est desservi par deux stations de métro, Teleport au nord et Shin-kabi au sud. De là, les Japonais ont prévu de faire partir un bataillon de bus pour transporter les spectateurs vers le bassin. Les gens devront arriver tôt. Mais les organisateurs indiqueront, sur les billets d’entrée aux compétitions, la station de métro correspondant aux places dans les tribunes.
L’inflation du budget des Jeux de Tokyo a incité les organisateurs à revoir à la baisse le nombre de places sur certains sites, dont celui d’aviron. Seront-elles suffisantes ?
Oui. Le site d’aviron comptera 14.000 places pour le public, soit 3.300 en tribune sud, et 10.700 à l’opposé, côté tour arrivée, dont 4.900 en tribunes. Le projet initial en prévoyait plus. Mais je préfère voir des régates olympiques disputées devant des tribunes pleines.
Quelle impression vous a laissé le bassin d’aviron, spécialement construit pour les Jeux de Tokyo 2020 ?
Nous l’avons découvert à l’occasion des championnats du monde juniors 2019. Il est très particulier, puisqu’il est le premier bassin olympique en eau de mer. Mais il se révèle d’une grande qualité. Les conditions de compétition ont été plus que correctes pendant le test pré-olympique. L’investissement réalisé par les Japonais sur tous les équipements hors de l’eau est très impressionnant. Deux barrages ont été construits aux extrémités du bassin, afin de réguler le niveau d’eau.
Les Japonais seront-ils prêts ?
Tout n’est pas encore parfait, certaines questions restent à régler. Nous sommes en contact très réguliers avec le comité d’organisation. Mais tout ce qui devrait être prêt à ce stade de la préparation l’est sans le moindre doute. La situation est incomparable avec celle vécue avant les Jeux de Rio 2016.