Menace de gros temps sur Doha. A deux jours de l’ouverture des Mondiaux d’athlétisme, prévus du 27 septembre au 6 octobre au Khalifa Stadium de la capitale du Qatar, l’heure est encore à la politique, avec la réélection annoncée ce mercredi matin de Sebastian Coe à la présidence de l’IAAF. Mais les nuages menacent.
En tête de liste des sujets de discorde, la chaleur. L’organisation tardive du rendez-vous mondial, repoussé à l’automne pour la première fois de l’histoire, n’y change rien. Il fait chaud à Doha. Beaucoup trop chaud pour affronter les épreuves de demi-fond. Et plus encore pour marteler le bitume tout au long d’un marathon ou d’un 50 km marche.
A 7 h 30, ce mercredi 25 septembre, le thermomètre affichait 33°, avec un taux d’humidité mesuré à 75%, soit un ressenti de 40°. Le température devrait encore grimper de 3 à 4 degrés au cours de la journée.
Pour la grande majorité des athlètes, les effets de la chaleur ne devraient pas perturber la compétition. Les Qataris ont climatisé le stade Khalifa. Le thermomètre affichera un très agréable 26%. Idéal pour les performances, notamment en sprint.
En revanche, le marathon et le 50 km marche font débat. Le parcours a été tracé dans les rues de Doha, sur la corniche. Certes, leur départ a été repoussé au plus noir de la nuit. A minuit pour les deux marathons, vendredi 27 septembre pour les femmes, samedi 5 octobre pour les hommes, à 23 h 30 pour le 50 km marche, prévu samedi 28 septembre. Mais il fera encore nettement trop chaud pour affronter de telles épreuves.
A Doha, la rumeur a suggéré ces derniers jours que le marathon féminin et le 50 km marche pourraient être annulés dans l’hypothèse où les conditions seraient jugées trop risquées pour la santé des athlètes. L’IAAF a démenti. L’organisation internationale s’est contentée d’expliquer qu’elle avait prévu des « mesures d’urgence », mais sans en préciser la nature.
Chez les athlètes, la grogne monte. Le Français Yohann Diniz, favori du 50 km marche, ne fait pas mystère de son incompréhension. Interrogé par France Télévisions, il a expliqué : « On savait très bien qu’il n’allait pas faire 20 degrés. C’est un peu du grand n’importe quoi. Bien sûr, il est important de protéger les athlètes et leur intégrité physique. Mais il ne fallait pas y penser trois jours avant ! On est dans un four. Forcément, l’intégrité physique peut en prendre un coup. »
Pour éviter la perspective d’un stade aux trois-quarts vide, le comité d’organisation a décidé de recouvrir la partie la plus élevée des tribunes. Une première mesure censée calmer les diffuseurs, inquiets à l’idée de présenter à l’image des travées trop clairsemées.
Selon plusieurs sources, les organisateurs pourraient également distribuer gratuitement des billets par milliers aux enfants et aux travailleurs immigrés employés sur les centaines de chantiers actuellement en cours à Doha. Le comité d’organisation a démenti. Tout juste a-t-il reconnu que les enfants pourraient bénéficier d’une réduction de 20% sur le prix des places.
Enfin, inévitable invité des Mondiaux d’athlétisme, le dopage. L’Unité d’intégrité de l’athlétisme a révélé, mardi 24 septembre, avoir pris dans son filet un nouveau gros poisson : le lanceur de marteau tadjik Dilshod Nazarov, champion olympique à Rio en 2016. Il a été provisoirement suspendu après une nouvelle analyse de ses échantillons des Mondiaux 2011. A 37 ans, Dilshod Nazarov s’apprêtait à disputer à Doha ses huitièmes championnats du monde. Il les suivra depuis son canapé.
Même perspective pour deux des membres de la délégation du Kenya. Michael Kibet et Daniel Simiyu, tous deux engagés sur 5.000 m, ont déjà été rayés de la liste de départ. Ils n’ont pas respecté l’une des conditions posées par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme pour participer aux Mondiaux : s’être soumis à trois contrôles hors compétition et un test antidopage en compétition. Ambiance.