Paradoxe. Menacée d’être écartée des Jeux de Tokyo 2020, et gouvernée par une fédération internationale fantomatique (AIBA), la boxe pourrait finalement connaître l’an prochain un épisode olympique spectaculaire et passionnant.
Le dossier de la boxe aux Jeux de Tokyo sera examiné cette semaine, à Lausanne, par la commission exécutive du CIO (2 et 3 octobre). Thomas Bach et son « gouvernement » écouteront le rapport du groupe de travail, formé en début d’été après la suspension de l’AIBA, pour superviser le processus de qualification et le tournoi olympique. Il est dirigé par Morinari Watanabe, le président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG).
Selon plusieurs sources, le groupe de travail en question recommandera d’ouvrir le tournoi des Jeux de Tokyo 2020 à tous les boxeurs professionnels. « Aucune restriction ne sera faite, conformément aux règles actuelles de l’AIBA, précise une source proche du dossier, citée par le site Aroundtherings. Mais tous les boxeurs devront se conformer au code mondial antidopage. »
Depuis les Jeux de Rio 2016, l’AIBA a assoupli ses règlements et ouvert la porte au monde professionnel. Les grands noms de la discipline n’ont pas pour autant regardé les Jeux avec un regard d’envie. Mais les choses pourraient changer.
Au Mexique, les autorités de la boxe ont déjà pris les devants. La Fédération mexicaine de boxe (FMB) et la Commission nationale de boxe (CONABOX), une entité créée par le chef de l’Etat en personne, Andrés Manuel López Obrador, ont convoqué une conférence de presse. Après avoir indiqué que le CIO avait approuvé par écrit la participation de tous les boxeurs pros aux prochains Jeux d’été, les dirigeants mexicains ont fait sonner tambours et trompettes. Puis ils ont annoncé leur souhait de former une « Dream team » du Mexique pour Tokyo 2020.
« Nous allons lancer un appel national pour former la meilleure délégation de boxe de l’histoire », a claironné Miguel Torruco, le président de la CONABOX. Ricardo Contreras, le président de la FMB, a confié de son côté aux médias nationaux s’être déjà entretenu avec deux des grands noms de la discipline, Saul « Canelo » Alvarez et Andy Ruiz Jr. (photo ci-dessus), lors d’un récent séjour à Los Angeles. Les deux boxeurs, l’un et l’autre multiples champions du monde, lui auraient accordé une oreille attentive.
Un coup de pub ? Peu probable. Certes, le chemin reste encore long avant de voir les milliardaires de la boxe professionnelle défiler à la cérémonie d’ouverture des Jeux. Et surtout, avant cela, participer au tournoi de qualification olympique. Pour le continent américain, il est prévu en mars prochain à Buenos Aires.
Il n’empêche, Andy Ruiz Jr. n’écarte pas l’idée d’enfiler le maillot mexicain en juillet et août 2020 à Tokyo. Le champion du monde des poids lourds IBF, IBO, WBA et WBO, a confirmé sur son compte Twitter avoir été contacté par les officiels de la boxe de son pays. Partageant une lettre de la commission de boxe mexicaine, il suggère que prendre part aux prochains Jeux constituerait un « honneur ». Prudent, il prévient qu’il lui faudrait, avant d’accepter, s’assurer qu’un tel projet soit compatible avec ses engagements contractuels. Mais le Mexicain écrit : « Nous ferons tout notre possible pour contribuer de quelque manière que ce soit à remettre une nouvelle fois le nom du Mexique en haut de l’affiche. Grande initiative. »
Sans doute. Mais la perspective de voir une brochette de grands noms de la boxe se ranger sous le pavillon olympique agace déjà certaines organisations professionnelles. Mauricio Sulaimán, le président de la WBC, a prévenu que les candidats à une sélection aux Jeux risquaient des sanctions s’ils décidaient d’aller au bout de leur projet.