L’événement est historique. Pour la deuxième fois depuis la création du Tribunal arbitral du sport, en 1984, une audience sera ouverte au public. Elle concerne un nageur, le Chinois Sun Yang, triple champion olympique, un géant perché à 2 m dont le nom est régulièrement cité dans la rubrique dopage.
Le TAS l’a annoncé lundi 14 octobre via un communiqué : Sun Yang sera entendu le 15 novembre 2019. Son audience avait initialement été prévue au mois de septembre dernier, avant d’être reportée à la demande de l’une des parties. Elle oppose l’Agence mondiale antidopage (AMA) à la Fédération internationale de natation (FINA) et au nageur chinois.
En janvier dernier, un rapport du comité antidopage de la FINA avait confirmé que Sun Yang, sacré aux Jeux de Londres 2012 (400 et 1.500 m), puis Rio 2016 (200 m), avait détruit avec un marteau son propre échantillon de sang lors d’un contrôle inopiné en septembre 2018.
Mais, curieusement, la FINA avait invoqué un vice de forme et blanchi le Chinois. Il avait ainsi été autorisé à participer aux Mondiaux 2019 à Gwangju, au mois de juillet, où ses victoires sur 200 et 400 m avaient créé un certain remous dans la piscine sud-coréenne. Son second au 400 m, l’Australien Mack Horton, avait refusé de rester à ses côtés sur le podium pour la photo officielle. Sur la plus courte des deux distances, l’Anglais Duncan Scott, médaillé de bronze, n’avait pas voulu lui serrer la main.
L’Agence mondiale antidopage (AMA) a fait appel devant le TAS de la décision de la FINA de blanchir Sun Yang sur un vice de forme.
Vendredi 15 novembre, l’audience du nageur chinois aura des allures d’événement médiatique. Pour la deuxième fois de l’histoire, mais la première depuis 20 ans, les journalistes pourront en être témoin. Cette exception aux usages du tribunal basé en Suisse a été autorisée à la demande des avocats de Sun Yang. Le nageur chinois l’a justifiée par sa volonté de « faire preuve de transparence et de laver son nom. »
La seule et unique audience publique à ce jour s’est tenue en 1999. Elle concernait la nageuse irlandaise Michelle Smith, triple championne olympique aux Jeux d’Atlanta en 1996, lancée dans une bataille juridique contre sa fédération après un contrôle antidopage positif.
Dans le cas de Sun Yang, la presse écrite sera admise « sur inscription préalable ». Les médias photo et vidéo pourront entrer dans la salle d’audience, mais seulement au cours des premières minutes. Ils seront ensuite priés d’attendre à l’extérieur. Pour l’occasion, le TAS déménagera de son siège de Lausanne pour s’installer dans un luxueux hôtel de Montreux, le Fairmont Palace.
Avec l’accord de l’AMA et du nageur, le TAS prévoit également de retransmettre l’audience en direct, en streaming, en totalité ou en partie, sur son site internet.
Pour Sun Yang, l’enjeu est considérable. Dans l’hypothèse où les experts du TAS donnent raison à l’AMA, il écoperait d’une suspension pour dopage. Elle serait la deuxième, après une première sanction de 3 mois consécutive à un contrôle positif en juillet 2014. Le nageur chinois serait alors considéré comme un récidiviste et suspendu à vie de toute compétition. Dans le cas contraire, il pourrait poursuivre sa carrière et s’aligner l’an prochain aux Jeux de Tokyo 2020.