Un effet Doha 2019 ? Probable. Le CIO a annoncé via un communiqué, mercredi 16 octobre, qu’il envisageait de déplacer le marathon et les épreuves de marche des Jeux de Tokyo 2020 dans la ville de Sapporo, nichée sur l’île d’Hokkaido, dans la partie la plus septentrionale du pays. Un bouleversement de la carte des sites olympique censé éviter aux athlètes de revivre les conditions dantesques des derniers Mondiaux au Qatar.
Précision : la ville de Sapporo, hôte des Jeux d’hiver en 1972, se situe à plus de… 800 km au nord de Tokyo. Un casse-tête en vue, et des dépenses nouvelles, pour les délégations, les médias, voire les fans d’athlétisme.
A en croire le CIO, un déplacement à Sapporo du marathon et des épreuves de marche (20 et 50 km), hommes et femmes, « permettrait aux athlètes de concourir par des températures nettement moins élevées pendant les Jeux olympiques. » A coup sûr. Sur l’île d’Hokkaido, les températures se révèlent « plus fraîches de cinq ou six degrés qu’à Tokyo », pendant la période des Jeux de 2020 (24 juillet au 9 août), précise le CIO.
A neuf mois des Jeux, la question de la chaleur est remontée en tête des préoccupations de Thomas Bach, présent à Doha pendant les derniers Mondiaux d’athlétisme. La commission de coordination de Jeux de Tokyo 2020 consacrera une séance spéciale au sujet, pendant sa prochaine visite au Japon, du 30 octobre au 1er novembre 2019.
Toujours selon le CIO, les modalités visant à assurer le déplacement du marathon et de la marche vers Sapporo « seront discutées avec toutes les parties prenantes concernées », à savoir la ville de Tokyo, World Athletics, mais aussi les détenteurs des droits de diffusion.
Rien n’est encore fait, donc. Mais la cause semble déjà entendue. Pour preuve cette réaction de Sebastian Coe, le président de World Athletics (ex IAAF), cité par le CIO : « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le CIO et les organisateurs de Tokyo 2020 au sujet de la proposition de déplacer à Sapporo les épreuves sur route. Dans toutes les grandes manifestations, il est essentiel de donner aux athlètes les meilleures conditions pour leurs performances. »
A l’évidence, Thomas Bach et Sebastian Coe se sont déjà mis d’accord et ont piqué une épingle au-dessus de la ville de Sapporo sur la carte des sites olympiques. Mais, curieusement, ils n’en ont pas encore informé certains des principaux intéressés.
Dès l’annonce du projet du CIO, la chaîne de télévision japonaise NHK a sondé plusieurs acteurs de la pièce. Leurs réactions interpellent. A la Fédération japonaise d’athlétisme, un officiel a assuré ne pas avoir encore entendu la nouvelle en provenance de Lausanne. « Il s’agit d’un développement très soudain », a suggéré Akira Kazama.
Même silence un rien gêné chez les autorités de la préfecture d’Hokkaido, où se situe la ville de Sapporo. Un porte-parole a répondu à la NHK qu’il ne lui était pas possible de commenter la nouvelle, puisqu’il n’en avait été informé ni par le CIO ni par le comité olympique japonais.
A Sapporo, le maire de la ville, Katsuhiro Akimoto, a d’abord ouvert de grands yeux en découvrant l’information. Puis il a repris une contenance plus diplomatique. « Nous sommes surpris, car cela arrive de façon très soudaine, mais nous nous sentons bien sûr très honorés », a-t-il déclaré à l’occasion d’une conférence de presse organisée à la va-vite au lendemain de l’annonce.
Katsuhiro Akimoto a reconnu que le timing serrait « très serré » pour répondre aux exigences d’un tel événement. Il a également précisé ne pas avoir été directement informé par le CIO que sa ville pourrait se retrouver impliquée dans l’organisation des Jeux de Tokyo 2020.
A Tokyo, enfin, le projet du CIO fait grincer les dents de la gouverneure, Yoriku Koike. A l’évidence, elle n’apprécie ni la manœuvre, ni la façon dont l’organisation olympique l’a préparée. « Ce changement de plan a été annoncé brusquement, et procéder de cette façon soulève des questions, a-t-elle déclaré aux médiaux nationaux. Beaucoup d’efforts ont été consentis pour imaginer et préparer un parcours, puis pour modifier les horaires du départ des épreuves, en concertation avec le CIO et les organisateurs. Alors aujourd’hui, si vous me demandez mon sentiment, je vous dirais une immense surprise. » Le CIO serait-il allé trop vite ?