Le CIO a-t-il parlé trop tôt ? Sans doute. Depuis l’annonce via un long communiqué, mercredi 16 octobre, de sa volonté de délocaliser les épreuves de marche et marathon des Jeux de 2020 de Tokyo à Sapporo, le débat ne cesse d’enfler entre les pour et les contre.
John Coates, le président de la commission de coordination des Jeux de Tokyo 2020, l’a reconnu à demi-mots, jeudi 17 octobre : le CIO a voulu prendre la rumeur de vitesse en dévoilant son idée au grand jour. La rumeur, mais également les acteurs japonais du dossier. Le maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto, et la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, ont avoué ne pas avoir été informés par le CIO du changement de site.
« Cela a surpris Tokyo 2020 et je peux le comprendre, a expliqué John Coates à l’agence japonaise Kyodo News. Mais le problème est qu’on ne peut pas laisser de telles informations en suspens. Il faut agir vite, nous ne voulions pas de conjectures, de rumeurs, et il était préférable d’expliquer directement notre projet. Nous voulons que les athlètes donnent le meilleur d’eux-mêmes. Nous savons à présent que ce n’est pas possible à Tokyo. »
Soit. Mais dans ce cas, pourquoi avoir consacré autant de réunions de travail, au cours des derniers mois, pour envisager toutes les solutions afin de réduire les effets de la chaleur sur le parcours de Tokyo ? Les Japonais s’interrogent. On les comprend.
Présenté comme un projet, le déménagement de la marche et du marathon vers Sapporo, à 800 km au nord de la capitale, semble déjà acquis. Yoshoro Mori, le président de Tokyo 2020, l’a confié jeudi : « Le CIO et l’IAAF soutiennent ce changement. Pouvons-nous dire non en tant qu’organisateurs ? Nous devons l’accepter. Il ne s’agit pas de savoir s’il est bon ou mauvais. »
La messe est dite, donc. Pour les questions pratiques, le CIO semble avoir également déjà avancé. Yoshiro Mori a expliqué aux médias japonais que, même s’il faudrait mener des études sur les possibles tracés des épreuves de marche et du marathon à Sapporo, Thomas Bach n’avait pas attendu pour suggérer une option. Le dirigeant allemand préférerait un parcours débutant et se terminant au dôme de Sapporo.
Toujours selon le président de Tokyo 2020, les billets déjà réservés pour le marathon et la marche seront remboursés. Quant aux coûts occasionnés par le déménagement vers Sapporo, ils devraient être pris en charge par le CIO. Normal.
Reste une question : qu’en pensent les athlètes ? Curieusement, l’annonce d’un changement de lieux ne fait pas l’unanimité parmi les marcheurs et les marathoniens.
Pour la Britannique Mara Yamauchi, la décision du CIO, prise à moins de 10 mois de Jeux, s’avère injuste pour les athlètes ayant déjà débuté leur préparation dans les conditions de chaleur et d’humidité de la capitale japonaise.
Le marathonien belge Koen Naert, champion d’Europe en 2018 à Berlin, reconnait que la perspective de courir l’épreuve olympique à Sapporo ne devrait pas le désavantager. Mais il regrette que la préparation et la logistique des coureurs doivent être en partie revues à moins d’une année de l’événement.
Le marcheur canadien Evan Dunfee, médaillé de bronze sur 50 km aux Mondiaux de Doha, ne décolère pas. Selon lui, les athlètes peuvent parfaitement surmonter les conditions, même les plus difficiles, sous réserve de les accepter et de savoir s’y préparer. A l’écouter, ils ont été peu nombreux à accepter le défi lors des Mondiaux de Doha. Mais les plus déterminés ont été récompensés. Enfin, le Canadien estime que les marcheurs et les marathoniens seront privés de l’opportunité, vécue seulement une fois tous les quatre ans, de boucler leur effort dans le stade olympique.