Improbable situation. A neuf mois jour pour jour de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, les organisateurs japonais ont entamé avec le CIO un audacieux bras de fer. Avec une idée fixe : récupérer l’accueil dans le capitale du marathon olympique et des épreuves de marche.
Rappel des faits. En fin de semaine passée, le CIO a annoncé via un communiqué son projet de délocaliser les épreuves d’athlétisme hors stade – marathons, 20 et 50 km marche – dans la ville de Sapporo, située à 800 km au nord de Tokyo. Une façon de réduire les risques de forte chaleur, les températures sur l’île d’Hokkaido étant en moyenne inférieures de 5 à 6 degrés à cette période de l’année.
Sur le moment, l’annonce faite depuis Lausanne a surpris tout le monde. Au Japon, le maire de Sapporo a confié l’avoir apprise dans la presse. Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, a exprimé le même étonnement, mais sans se priver de critiquer la démarche du CIO et son absence de concertation.
Plus diplomate, le président de Tokyo 2020, Yoshiro Mori, a suggéré : « Le CIO et l’IAAF soutiennent ce changement. Pouvons-nous dire non en tant qu’organisateurs ? Nous devons l’accepter. Il ne s’agit pas de savoir s’il est bon ou mauvais. »
A l’évidence, l’attitude présumée résignée de Yoshiro Mori n’a pas résisté à une courte période de réflexion. Selon l’agence japonaise Kyodo News, le comité d’organisation n’est pas résigné du tout à voir le marathon, l’une des épreuves les plus mythiques et emblématiques des Jeux d’été, lui glisser entre les doigts pour aller se poser à Sapporo.
Citant plusieurs sources anonymes, Kyodo News révèle que l’équipe de Tokyo prépare une riposte à la proposition radicale du CIO. Elle propose d’avancer le départ du marathon et des épreuves de marche à 5 heures du matin, voire encore plus tôt dans la nuit, dès 3 heures. Initialement prévu à 7 heures, leur départ avait déjà été avancé d’une heure dans un plan anti-chaleur dévoilé plus tôt cette année.
Suffisant ? Pas certain. Mais une chose est sûre : l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Tokyo 2020, prévue du 30 octobre au 1er novembre dans la capitale japonaise, sera dominé par la question du marathon et des épreuves de marche.
Le comité d’organisation devrait, selon certaines sources, profiter de la venue de la délégation de membres du CIO et d’experts pour présenter son plan B.
Selon un porte-parole du gouvernement métropolitain, une rencontre est déjà prévue vendredi 1er novembre, en marge de la réunion, entre Yuriko Koike et John Coates, le président de la commission de coordination. Elle s’annonce tendue.
Depuis la semaine passée, la gouverneure de Tokyo ne fait pas mystère de son agacement face à l’attitude du CIO. Elle admet mal sa décision de déplacer les épreuves hors stade sans en avoir informé les Japonais, au mépris des centaines d’heures de travail et de réunions consacrées à trouver des solutions aux risques liés aux fortes chaleurs.
Vendredi 1er novembre, elle rappellera sans doute à John Coates que le CIO avait approuvé la mise en place sur le parcours du marathon et de la marche d’un revêtement spécial censé réduire l’impact de la chaleur sur le macadam. Elle lui en détaillera sans doute le coût. A John Coates de répondre.