Sale affaire. L’Union cycliste internationale (UCI) a renvoyé prestement l’un de ses cadres, le Français Frédéric Magné, directeur depuis dix ans du Centre mondial du cyclisme. Licencié pour « perte de confiance », l’ancien pistard est accusé de harcèlement, d’abus de pouvoir et d’avoir « régné par la terreur. »
Les faits remontent à la mi-octobre. Ils sont révélés par l’AFP. Selon plusieurs témoignages, Frédéric Magné a été l’auteur pendant une dizaine d’année de faits s’assimilant à du harcèlement moral systématique, auprès des cyclistes stagiaires mais aussi aussi des employés du Centre mondial du cyclisme (CMC), situé à Aigle, en Suisse. Il aurait également été coupable d’abus de pouvoir et d’abus de biens sociaux.
Présenté comme « violent et manipulateur », il maintenait ses employés « sous pression par une forme de terreur », recherchant une soumission « sans limites » et les menaçant de représailles.
Agé de 50 ans, Frédéric Magné a été sept fois champion du monde sur piste, dans les années 80 et 90, en keirin et en tandem, associé à Fabrice Colas. Il dirigeait depuis 2009 le CMC, un centre de formation et d’entraînement de haut niveau, placé sous le contrôle de l’UCI.
Selon plusieurs témoignages, Frédéric Magné exerçait des pressions continues et du chantage à l’emploi, allant jusqu’à exiger et obtenir de certains employés des contreparties matérielles substantielles. Il les obligeait à nettoyer son garage personnel, tondre sa pelouse, laver son vélo ou sa voiture et accompagner ses enfants à l’école. Pendant ce temps, il partait faire une sortie à vélo ou d’autres activités sportives avec son adjointe, devenue sa maîtresse.
Un traitement comparable était réservé aux coureurs. Frédéric Magné exerçait sur eux « une forme de discrimination permanente. » Les cyclistes africains, victimes de racisme et rabaissés systématiquement, ne pouvaient pas bénéficier du même équipement que les autres. Il les dénigrait constamment en leur disant de « rentrer en Afrique » et ne montrait aucun respect pour les musulmans et leurs exigences alimentaires. Il avait renvoyé dans leur pays tous les athlètes africains, sous prétexte qu’un Erythréen s’était enfui du CMC.
L’ex-champion soignait également particulièrement ses relations avec des personnes puissantes et influentes. Il est ainsi soupçonné d’avoir offert, sur les fonds du CMC, des vélos sur mesure d’une valeur de plusieurs milliers d’euros « à des proches, des connaissances et des personnalités locales et internationales du milieu politique et sportif dont il était très proche et avec qui il roulait parfois. »
Joint au téléphone par l’AFP, Frédéric Magné s’est refusé à tout commentaire. Son avocat, Mathieu Blanc, conteste les faits. Ils soutient que ces accusations ont été « constituées par des personnes qui souhaitent attenter à la réputation » de son client. L’UCI semble penser le contraire. Elle lui a montré la sortie.