Etrange. A un peu plus de 250 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, les organisateurs japonais et le CIO ne parlent toujours pas la même langue. Les premiers avancent une idée, le second lui tordent le cou. Un dialogue de sourds.
Le différend du moment porte sur le marathon olympique. Le CIO a suggéré sa délocalisation, ainsi que les épreuves de marche, vers la ville de Sapporo, à plus de 800 km au nord de la capitale. Les Japonais ont grincé. Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, a toussé très fort. Mais le CIO n’a pas bougé. Il a eu gain de cause.
L’affaire semblait réglée. A l’évidence, elle ne l’est pas. Certes, la délocalisation du marathon sur l’île d’Hokkaido, présumée plus fraîche, est actée. Elle ne sera plus remise en question. Yuriko Koike elle-même a rendu les armes, sans s’interdire d’en critiquer la manière et le fondement.
Mais Tokyo 2020 et le CIO continuent de proposer deux versions différentes de leur vision de la course.
La semaine passée, Yoshiro Mori, le président du comité d’organisation, personnage réputé pour mesurer chacun de ses propos, a assuré qu’il serait impossible de maintenir le marathon masculin à sa date initiale, dimanche 9 août 2020, dernier jour des Jeux olympiques.
Impossible, en effet, d’imaginer une telle course dans la matinée à Sapporo, puis une présence de ses athlètes le soir même à Tokyo pour la cérémonie de clôture. « Il faudra changer le programme, le changer radicalement », a suggéré l’ex Premier ministre du Japon.
Pas question, rétorque John Coates. Le dirigeant australien, président de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Tokyo, a profité d’une conférence de presse à Sydney, mercredi 13 novembre, pour exposer son point de vue.
John Coates a expliqué que le CIO souhaitait en rester au plan initial, à savoir un marathon masculin organisé au dernier jour des Jeux, puis une remise des médailles le soir même au stade olympique de Tokyo. A écouter l’Australien, l’organisation aux anneaux souhaiterait même innover en remettant au même moment, dimanche 9 août 2020, les médailles de la course féminine.
« Nous voulons la présentation des médailles du marathon masculin lors de la cérémonie de clôture, a confié John Coates. Nous aimerions aussi, pour la toute première fois, que les médailles de l’épreuve féminine soient remises au même moment. »
Impossible, a déjà tranché Yoshiro Mori. Pas du tout, répond John Coates. « Nous devons discuter sur la façon de mettre tout cela en place, pour voir comment rapatrier rapidement les athlètes vers Tokyo, détaille l’Australien. Cela se fera évidemment par avion. Mais, pour nous, la date du 9 août est toujours la bonne. »
John Coates en convient, la décision finale n’a pas encore été prise. Elle devrait l’être pendant la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO, prévue au début du mois de décembre à Lausanne. Mais il insiste : « Tout le monde devrait travailler pour que la course ait lieu à la date initiale. »
En attendant, les organisateurs japonais s’activent à régler en urgence les détails pratiques de la course. En tête de liste, le parcours. Selon une source proche du dossier, citée par la NHK, le marathon se disputerait sur une boucle tracée autour du parc Odori, dans le centre-ville de Sapporo. La ligne de départ serait tracée dans le parc, où serait également jugée l’arrivée.
Une option consisterait à proposer une boucle de 8 à 10 km, à parcourir quatre ou cinq fois. Elle aurait le mérite de réduire les coûts et la logistique, notamment en termes de sécurité et de volontaires.
Une autre option à l’étude envisage une boucle plus large, à parcourir deux fois, tracée également autour du parc Odori.
Les Japonais n’en font pas mystère : ils veulent se rendre à Lausanne, au début du mois prochain, avec un projet parfaitement ficelé à présenter à la commission exécutive du CIO. Mais ils ne seront pas décideurs.