L’homme du jour, dans l’actualité du mouvement olympique international, observe le monde avec hauteur et une pointe de supériorité. Sun Yang, 27 ans, triple champion olympique et 11 fois médaillé d’or mondial en natation, mesure 2 m. Mais à Montreux, ce vendredi 15 novembre, son imposante silhouette pourrait bien ne pas suffire à lui sauver la mise.
Le nageur chinois comparait devant le Tribunal arbitral du sport. Il risque jusqu’à 8 ans de suspension. L’Agence mondiale antidopage lui reproche d’avoir « volontairement refusé de se soumettre à un prélèvement ».
Pour la deuxième fois seulement depuis la création du TAS en 1984, l’audience sera publique. A la demande de Sun Yang. Elle sera donc ouverte aux médias et, en parallèle, diffusée en streaming sur le site officiel de l’institution. Elle débutera dès 8 h 00. Elle devrait se conclure en toute fin de journée, un peu avant 20 h 00.
Sun Yang sera présent. Il est prévu que le nageur chinois s’exprime au terme de son audition. Une centaine de journalistes a été accréditée, dont la majorité représente des médias chinois. Face à une telle présence médiatique, le TAS a été contraint de quitter pour l’occasion son siège au château de Béthusy, à Lausanne. L’audience se tient au Fairmont Montreux Palace, un hôtel 5 étoiles posé non loin du lac Léman.
Rappel des faits. Le 3 septembre 2018, tard dans la soirée, une équipe de contrôleurs antidopage de la société privée IDTM, basée en Suède, se présente au domicile de Sun Yang, en Chine. Elle est composée de 3 personnes : une responsable du contrôle, une infirmière pour le prélèvement sanguin, et un « chaperon » chargé d’accompagner le nageur pour l’analyse d’urine.
Sun Yang est absent. Le Chinois se pointe un peu avant 23 h 00, quelques minutes avant la limite, accompagné de plusieurs membres de sa famille. Il se soumet au prélèvement sanguin. Mais, très vite, la situation dégénère. La nageur questionne la responsable du contrôle sur l’authenticité de l’accréditation du chaperon. Il lui reproche également d’avoir filmé la scène avec son téléphone portable.
Sun Yang refuse de donner son urine. Il fait venir son médecin personnel. Ce dernier lui suggère de ne surtout pas laisser l’équipe de contrôleurs quitter la Chine avec son échantillon sanguin. La suite est plus connue : le garde du corps personnel du nageur se saisit d’un marteau et brise la fiole contenant le sang prélevé. Sun Yang participe à la manœuvre en éclairant la scène avec son téléphone portable.
A 3 h 15, dans la nuit du 3 au 4 septembre, l’équipe de la société IDTM quitte le domicile de Sun Yang les mains vides.
Deux semaines plus tard, la FINA se saisit de l’affaire. Une procédure est ouverte. Elle sera étonnamment clémente pour le nageur chinois, pourtant connu pour s’être déjà comporté de façon rugueuse et impolie lors d’un contrôle antérieur.
Un panel antidopage est invité à trancher. Après avoir analysé toutes les pièces du dossier, il rend sa conclusion. Le « chaperon » s’est conduit de manière non professionnelle, tout comme l’infirmière, estiment les trois experts. La visite de l’équipe de contrôleurs n’est donc pas considérée comme valide.
Verdict : Sun Yang ne peut pas être accusé de violation aux règles antidopage. Le nageur est blanchi. Le rapport du panel antidopage de la FINA, publié le 3 janvier, est confidentiel. Mais le Sunday Times s’en est procuré une copie et en a dévoilé les éléments en début d’année.
A Montreux, ce vendredi 15 novembre, Sun Yang ne sera pas seul à présenter ses arguments. Il a sollicité l’assistance de trois cabinets d’avocats, venus respectivement de Pékin, Londres et Genève. L’AMA, de son côté, a fait appel à la firme américaine Bryan Cave Leighton Paisner, connue pour avoir travaillé sur des affaires de dopage impliquant notamment Marion Jones et Lance Armstrong.
Chacune des deux parties a pu choisir un juge pour l’audition de ce vendredi. Le TAS a désigné le président de la séance, l’Italien Franco Frattini.