Le sol menace de s’effondrer sous ses pieds, mais le sport russe ne veut pas ralentir l’allure. A moins de 250 jours des Jeux de Tokyo 2020, son comité national olympique n’en démord pas : ses athlètes seront présents l’an prochain dans la capitale japonaise. Présents et habillés des couleurs du pays.
Stanislav Pozdnyakov, le président du comité olympique russe (ROC), l’a répété jeudi 28 novembre, à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisation : « Tous nos athlètes propres, ceux qui n’étaient pas impliqués ou qui ne sont pas soupçonnés de dopage, participeront aux Jeux de Tokyo 2020 au sein de notre équipe olympique. »
Voilà qui est dit. Pas question pour l’ancien escrimeur d’envisager au Japon un remake des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, où la Russie était suspendue en tant que nation, mais un contingent de ses athlètes avait été autorisé à concourir sous couleurs et drapeau neutres. Ils étaient 168 à participer aux épreuves olympiques en Corée du Sud.
Stanislav Pozdnyakov insiste : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre équipe concoure à Tokyo sous le drapeau russe. » Tout ? Le président du ROC ne s’en cache pas : une décision du comité exécutif de l’AMA de suivre les recommandations de son Comité de révision de la conformité (CRC), le 9 décembre à Paris, serait portée sans tarder devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Réaliste ? Comme lorsqu’il est question de la Russie, les camps s’opposent. D’un côté, l’AMA se verrait bien frapper fort en sanctionnant la Russie d’une suspension de 4 ans. De l’autre, le CIO se pose une nouvelle fois en garant de l’équité et de la protection des athlètes.
Plus tôt dans la semaine, l’organisation olympique a suggéré dans un communiqué que le rapport de l’AMA ne pointait pas la moindre responsabilité du comité olympique russe dans la manipulation des données extraites du laboratoire de Moscou. Une façon de signaler à l’Agence mondiale antidopage qu’une exclusion en bloc de la Russie du mouvement olympique se ferait contre sa volonté.
Stanislav Pozdnyakov le sait. Face aux médias, jeudi 28 novembre, le dirigeant russe a critiqué sans nuance les recommandations du Comité de révision de la conformité de l’AMA. « Nous les considérons comme excessives, inappropriées et erronées », a tranché l’ancien escrimeur.
Le président du comité olympique russe le soutient sans baisser le regard : la préparation des Jeux de Tokyo 2020 se poursuit sans marquer le pas. Les athlètes s’entraînent, les officiels consolident les efforts de logistique, l’argent coule à flots.
Stanislav Pozdnyakov a également assuré, jeudi 28 novembre, que la décision de l’AMA n’aurait pas d’influence sur la participation d’une délégation russe aux Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne (9 au 22 janvier). « Notre équipe participera à cette compétition sans la moindre restriction », explique-t-il, cité par l’agence Novosti.
A ce stade, ses propos sont à prendre au conditionnel. Mais une chose est sûre : la menace d’une suspension de la Russie, de ses équipes et de ses dirigeants, perturbe déjà la préparation des athlètes. Mariya Lasitskene, la triple championne du monde du saut en hauteur, a vu sa participation au meeting en salle de Glasgow, le 15 février 2020, annulée par la Fédération britannique d’athlétisme.
Son agent, Olga Nazarova, l’a confié à l’agence TASS : « Nous avons reçu en début de semaine un refus des organisateurs du meeting de Glasgow, ils ont rayé Mariya de la liste des engagées. Ils ont expliqué leur décision par le fait qu’elle ne pourrait peut-être pas obtenir à temps le statut d’athlète neutre. »
Très critique à l’égard de ses dirigeants, Mariya Lasitskene n’a jamais été impliquée dans une affaire de dopage. La suspension de la Russie par l’IAAF, décidée en novembre 2015, l’avait privée des Jeux de Rio 2016. Depuis, elle a décroché deux titres mondiaux, à Londres en 2017 puis à Doha cette année, en qualité d’athlète neutre.