La liste s’allonge. Elle comptait déjà l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Australie. Elle recense désormais également la France. Dans chacun de ces pays, les athlètes ont forcé la porte de l’immobilisme. Ils ont obtenu un assouplissement de la règle 40 de la charte olympique sur la publicité pendant la période des Jeux.
Les Allemands ont ouvert la brèche en février dernier. Les Américains ont suivi le mouvement au mois d’octobre 2019. L’Equipe révèle que la France passe à son tour dans le camp des modernes. La commission des athlètes du comité national olympique (CNOSF) a obtenu une révision du texte. Elle s’appliquera dès les Jeux de Tokyo 2020 à l’ensemble de la délégation.
Le document de quatre pages, tout entier consacré à une nouvelle version française de la règle 40 de la charte olympique, doit être présenté ce mardi 21 janvier aux fédérations et aux athlètes.
Il a été préparé depuis le mois de juin dernier par un bataillon de représentants des athlètes, issus notamment du CNOSF et du COJO Paris 2024. Parmi eux, une poignée d’anciens, tous médaillés olympiques ou mondiaux : Gwladys Epangue (taekwondo), Fabien Gilot (natation), Gevrise Emane (judo), Benjamin Lang (aviron), Marie Martinod (ski acrobatique), Astrid et Brice Guyart (escrime).
A l’image des Américains, la réforme se révèle timide. Tout le monde le sait dans l’univers olympique : le CIO veille au grain. Depuis la décision d’un tribunal allemand ayant jugé le texte contraire aux règles de la concurrence, il ne peut plus s’opposer à la marche de l’histoire. Mais Thomas Bach le répète sans lassitude : il n’est pas question de jeter aux orties la règle 40 dans sa totalité. Les partenaires mondiaux de l’institution, seuls autorisés à utiliser les anneaux, doivent conserver leurs privilèges.
Dans les faits, les athlètes français pourront désormais remercier une fois chacun de leur sponsor pendant la période au cours de laquelle s’applique la règle 40, à savoir dix jours avant l’ouverture des Jeux et deux jours après leur clôture (14 juillet au 11 août 2020). Ils pourront le faire sur leurs sites Internet personnels et sur les réseaux sociaux.
Mais l’Equipe le précise : il leur restera interdit de se prendre en photo au village des athlètes avec leur médaille, et plus encore d’utiliser les anneaux olympiques dans leur message publicitaire. Les expressions Jeux olympiques, JO, Tokyo 2020 et Paris 2024 leur seront aussi proscrites.
Dans sa nouvelle version, la règle 40 autorisera également les partenaires institutionnels des sélectionnés olympiques français à leur « adresser des messages simples de félicitation, sans utilisation des propriétés olympiques ni association avec un partenaire commercial, dans la limite d’un message d’encouragement et d’un message de félicitation par participant. »
La percée est modeste, mais elle existe. Elle constitue un premier pas. Reste à savoir s’il sera suivi d’avancées plus spectaculaires, dans la perspective des Jeux de Paris 2024, où la pression des athlètes et de leurs partenaires devrait se faire nettement plus forte.
Autre inconnue : l’effet réel d’une telle réforme sur les opportunités commerciales des athlètes français. Brice Guyart, le champion olympique du fleuret individuel aux Jeux d’Athènes en 2004, aujourd’hui salarié du COJO Paris 2024, l’a expliqué à l’Equipe : « Cette proposition sert l’ensemble des athlètes qui n’ont pas, ou peu de partenaires, afin qu’ils puissent proposer des opportunités à ces sponsors non olympiques. »
Un message de remerciement, un seul, pendant la période des Jeux, suffira-t-il à convaincre les éventuels partenaires de dérouler leur carnet de chèque ? Douteux mais pas impossible.