Année historique pour le surf. La discipline fera ses débuts olympiques en juillet prochain aux Jeux de Tokyo 2020. Quelques mois plus tôt, en mars, la commission exécutive du CIO aura validé, sauf surprise, le choix de Tahiti comme site des épreuves aux Jeux de Paris 2024.
Qu’en pensent les athlètes ? FrancsJeux a interrogé la plus écoutée de la flotte, la Française Justine Dupont, présidente de la commission des athlètes de la Fédération internationale de surf (ISA). Interview.
FrancsJeux : Comment les surfeurs perçoivent-ils l’entrée du surf comme sport additionnel aux Jeux de Tokyo 2020 ?
Justine Dupont : Comme une heureuse surprise. Et avec l’impression que les choses sont allées très vite. Bien sûr, la bataille menée par l’ISA a été difficile, mais le résultat est finalement arrivé assez rapidement. e surf a les mêmes valeurs que les Jeux olympiques. Les marques sont déjà plus nombreuses à s’y intéresser, les surfeurs sont mieux soutenus, donc le niveau augmente. Une commission des athlètes a été créée à l’ISA. Une nouvelle page s’ouvre pour notre sport.
Que pensez-vous du site des épreuves de surf aux Jeux de Tokyo 2020 ? Il n’est pas réputé comme très sélectif et spectaculaire…
Les championnats du monde ont eu lieu au Japon l’an passé, sur un site différent de celui des Jeux. En été, les vagues ne seront pas immenses, mais ça n’est pas le but. Les aspects technique et tactique seront déterminants. En plus, le site n’est pas loin de Tokyo, seulement 1 heure 30. Nous allons enfin être acteurs des Jeux. Cela nous permettra d’apporter au mouvement olympique nos valeurs en termes d’écologie et de développement durable. Nous amenons aussi une communauté jeune, dynamique et très présente sur les réseaux sociaux. C’est donnant-donnant.
Quel rôle joue la commission des athlètes de l’ISA dans le processus de décision ?
Elle permet de faire entendre la voix des athlètes sur les sujets qui nous concernent. Aujourd’hui, nous sommes mieux informés, nous entrons dans la boucle des décisions. La communication est facilitée entre les surfeurs et les dirigeants. Les surfeurs savent qu’ils peuvent me joindre et me parler. De l’autre côté, la communication avec Fernando Aguerre, le président de la fédération internationale (ISA), et toute son équipe, est rapide et facile. Nous avons une voix dans le processus de décision.
Avez-vous été consultée sur le choix de Tahiti comme site du surf pour les Jeux de Paris 2024 ?
Oui. Je peux vous dire que tous les surfeurs sont très heureux à la perspective de disputer les Jeux sur une vague de classe mondiale. Tahiti va offrir au surf et aux Jeux le plus beau cliché possible, au bon sens du terme.
Il a été dit que la vague de Teahupoo n’était pas adaptée à la compétition féminine…
Le sujet n’est plus d’actualité. Il est vrai que la compétition déjà organisée sur cette vague était seulement masculine. Mais dans les cinq années qui nous séparent des Jeux de Paris 2024, les filles vont avoir l’occasion de s’y préparer, de la découvrir et de la surfer. La vague de Teahupoo exige une technique particulière, mais le niveau du surf féminin ne cesse de monter. A titre personnel, je ne l’ai jamais surfée, mais j’espère le faire dès le printemps prochain.
L’éloignement de Tahiti ne vous permettra pas de vivre les Jeux vraiment de l’intérieur. Vous ne pourrez pas loger au village ou assister à la cérémonie d’ouverture. Vous le regrettez ?
C’est le prix à payer pour offrir le meilleur show possible aux Jeux. Le surf est habitué à sortir des clous et à innover. On veut entrer dans les Jeux à fond, mais en proposant le meilleur spectacle, donc les meilleures vagues. Le COJO Paris 2024 a su faire preuve de flexibilité en choisissant Tahiti. Je trouve ça incroyable. Le surf va pouvoir proposer un beau show, cela nous aidera à rester au programme aux Jeux de Los Angeles 2028 et devenir un sport olympique à part entière. Le choix de Tahiti est le meilleur possible pour assurer la longévité du surf aux Jeux olympiques.
Les Jeux de Los Angeles 2028 peuvent-ils offrir une opportunité historique au surf d’entrer dans le programme des Jeux de façon durable, et non plus seulement comme sport additionnel ?
Nous en faisons un objectif. Tokyo va proposer une première approche du surf, puis Paris offrira un spectacle différent. Los Angeles 2028, nous y serons forcément. Nous avons notre place. La fédération internationale a accompli un très gros travail, notamment sur les championnats du monde, pour préparer les Jeux. Avec la parité, notamment. Trois garçons et trois filles par pays aux Mondiaux, 20 surfeuses et 20 surfeurs aux Jeux. A Tokyo puis à Paris, nous allons apporter aux Jeux nos valeurs de partage, de solidarité, de respect de la nature et de l’océan.