Impossible à éviter. A 155 jours de l’ouverture, l’actualité continue à charrier un lot fourni de faits et de déclarations sur le pire scénario possible : le report, voire l’annulation pure et simple, des Jeux de Tokyo 2020.
Les faits, d’abord. Le dernier en date n’incite guère à l’optimisme. L’Association japonaise handisport a annoncé, ce jeudi 20 février, le report de l’épreuve test de boccia, l’une des disciplines les plus suivies du programme des Jeux paralympiques. Elle devait se dérouler pendant trois jours, à partir du 28 février, au tout nouveau centre de gymnastique d’Ariake, dans la baie de Tokyo. Le « test-event » devait rassembler une trentaine d’athlètes venus de neuf pays.
En cause, l’épidémie de coronavirus. L’Association japonaise handisport a expliqué que la compétition était « mise entre parenthèse », afin de protéger la santé des compétiteurs. Elle n’a pas fixé de nouvelle date pour l’organiser. De son côté, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 a fait savoir qu’il prenait note de la décision du report de l’épreuve de boccia. Mais, déterminé à se montrer rassurant, il a précisé que la compétition pré-olympique d’escalade, prévue les 7 et 8 mars, était maintenue sans le moindre changement de date. Pas d’inquiétude, donc.
Les déclarations, maintenant. Elles ont franchi un nouveau pas dans le catastrophisme, en ce milieu de semaine.
La première est japonaise. Elle inspire le sérieux. Son auteur : Hitoshi Oshitani, très respecté professeur au département de virologie à l’université de Tohoku. Invité à s’exprimer mercredi 19 février au Club des correspondants étrangers du Japon à Tokyo, il a expliqué : « Nous devons trouver le meilleur moyen d’assurer la sécurité des Jeux olympiques. Pour l’instant, nous n’avons pas de stratégie efficace. Je pense donc qu’il serait très difficile d’organiser les Jeux olympiques aujourd’hui. Mais d’ici la fin du mois de juillet, la situation pourrait être différente. »
Le discours est direct et le propos sans nuance. Dans la situation actuelle, à 155 jours de l’échéance, l’épidémie de coronavirus fait peser une menace plus que sérieuse sur les Jeux de Tokyo. Mais tout peut encore arriver dans les cinq mois à venir. Le pire, bien sûr, mais aussi le meilleur.
Deuxième déclaration, infiniment plus politique, mais symptomatique de l’ambiance générale : un propos du Britannique Shaun Bailey, candidat du parti conservateur pour les élections à la mairie de Londres.
Jouant habilement de l’effet de surprise, Shaun Bailey a assuré que la capitale anglaise serait la mieux placée pour remplacer Tokyo en cas de force majeure. Et accueillir ainsi, huit ans après, les Jeux de 2020. « Nous avons les infrastructures et l’expérience nécessaires. Et en raison de l’épidémie de coronavirus, le monde pourrait avoir besoin de nous pour intervenir », a-t-il suggéré sur son compte Twitter.
A ce stade, la « proposition » du candidat aux municipales de 2020 sonne surtout comme un coup de communication. Mais elle en dit long sur l’état de l’opinion, en Europe notamment, à la perspective des Jeux de Tokyo 2020.
Le comité d’organisation japonais n’a pas commenté les propos de Shaun Bailey. Il ne le fera sans doute pas. En guise de réaction, il a assuré via une courte mise au point : « Tokyo 2020 continuera à collaborer avec toutes les organisations concernées qui surveillent attentivement les effets des maladies infectieuses. Nous examinerons avec ces organisations les contre-mesures qui pourraient être nécessaires. »
La Chine a annoncé ce jeudi 20 février un nombre quotidien de nouveaux cas de contamination au plus bas depuis près d’un mois. Le pays a indiqué que le nombre de personnes infectées par le virus dépasse désormais les 74 500.
Au Japon, deux malades issus du paquebot en quarantaine Diamond Princess sont décédés, rapportent aujourd’hui les médias japonais. Les deux victimes seraient un couple d’octogénaires.