L’enquête est inédite. Ses résultats laissent perplexes. A en croire un sondage réalisé auprès d’un demi-millier d’athlètes dans le monde, dont un grand nombre d’olympiens, le CIO devrait en finir de la règle 40 de la Charte olympique sur la publicité pendant les Jeux. La jeter aux orties. Et permettre, enfin, aux compétiteurs de vivre de leur sport.
Telle est la conclusion d’une enquête d’opinion au long cours, la plus ambitieuse du genre, conduite par le groupe de pression Global Athlete. L’association internationale, créée par l’ex pistard britannique Callum Skinner et le Canadien Rob Koehler, ancien sous-directeur de l’AMA, a sondé près de 500 athlètes dans une cinquantaine de pays. Parmi eux, plus de 200 olympiens ou paralympiens, en préparation des Jeux de Tokyo 2020.
Objectif de l’enquête : découvrir la réalité de la situation économique des premiers acteurs du mouvement olympique, les athlètes. Comment vivent-ils ? Avec quelles ressources ? Que pensent-ils de leur représentativité au sein des instances internationales ? Comment perçoivent-ils le rôle du CIO et ses règles sur la publicité pendant les Jeux ?
Les réponses se révèlent sans nuance. Elles dégagent une tendance forte : le sport de haut niveau, dans sa grande majorité, ne nourrit pas son homme. Plus de la moitiés des sondés (58%) ont répondu ne pas se considérer dans une situation financière « stable ».
Beaucoup expliquent ne pas pouvoir concilier leur entraînement avec un travail régulier. Surtout, ils sont nombreux à confier dépendre très étroitement de leurs performances lors d’un rendez-vous majeur, Jeux olympiques ou championnats du monde, disputé tous les 2 ou 4 ans. En cas d’échec, leur fragile équilibre économique peut voler en éclats.
Autre tendance : un ras-le-bol général des règles du CIO. Ils ont été 57% à répondre que l’institution olympique devrait bousculer la tradition et se décider enfin à payer les athlètes en échange de leur participation aux Jeux olympiques.
Pas moins de quatre athlètes sur cinq interrogés par Global Athlete ont suggéré qu’ils devraient avoir le droit de commercialiser leur image et leurs performances pendant la période des Jeux. En clair, la grande masse des olympiens estime que la règle 40 de la Charte olympique devrait être envoyée dans les oubliettes de l’histoire.
Certes, le texte originel a été amendé dans plusieurs pays, depuis le début de l’an passé, à la suite d’une décision d’un tribunal allemand le jugeant contraire aux règles de la concurrence. L’Allemagne, les Etats-Unis, l’Australie et la France, notamment, en ont adopté des versions moins rigides. Mais la règle 40 reste valable pour la grande majorité des pays et des athlètes présents aux Jeux.
Autre leçon : les athlètes se sentent sous-représentés au sein des instances sportives internationales. Ils ont été une immense majorité (87%) à répondre par l’affirmative à l’idée d’accorder aux sportifs en activité la moitié des voix lors des votes les concernant directement.
Les dernières années ont été marquées par une avancée dans la représentativité des athlètes au sein des institutions du mouvement sportif. Mais elle reste marginale. Aux Etats-Unis, par exemple, le comité olympique et paralympique (USOPC) a récemment modifié ses statuts pour porter à 33% la représentation des athlètes dans ses organes de décision. Ailleurs, la voix des sportifs en activité reste souvent faible, voire absente du débat.