Les Jeux de Tokyo 2020 auront-ils lieu ? Thomas Bach et les membres du CIO n’en ont certainement pas fini d’avoir à répondre à cette question. Elle pèse quelques milliards de dollars. Et sa réponse, si elle devait être négative, marquerait à tout jamais l’histoire du mouvement olympique, et plus largement du sport dans sa globalité.
Réunie mardi 3 mars à Lausanne, au premier jour de sa deuxième réunion de l’année, la commission exécutive du CIO a choisi de faire le dos rond. L’incertitude liée à la propagation de l’épidémie de coronavirus sur la planète empêche l’organisation olympique de se montrer catégorique, dans un sens comme dans l’autre. Mais elle lui autorise tous les messages de confiance et les marques d’optimisme.
Thomas Bach ne s’en prive pas. Il est venu en personne lire devant les caméras de télévision, mardi 3 mars au siège du CIO à Lausanne, le communiqué publié au nom de la commission exécutive sur la situation sanitaire et sa menace sur les Jeux de 2020. Peu habituel.
Le texte en question n’apporte pas grand-chose au débat général. Le CIO explique avoir créé « un groupe de travail dès la mi-février » avec le comité d’organisation des Jeux de 2020, la ville-hôte de Tokyo, le gouvernement du Japon et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). »
Il insiste sur sa volonté de continuer à « suivre les recommandations de l’OMS, en tant que principale agence des Nations Unies faisant autorité en la matière. » La commission exécutive « fait l’éloge de la grande unité et de la solidarité des athlètes, des comités nationaux olympiques, des fédérations internationales et des gouvernements (…). Toutes les parties prenantes continuent à travailler ensemble en étroite concertation afin de relever les défis que pose la propagation du coronavirus. »
Enfin, la commission exécutive du CIO « encourage tous les athlètes à poursuivre leur préparation en vue des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Le CIO continuera à soutenir les athlètes en leur communiquant les toutes dernières informations, lesquelles sont accessibles partout dans le monde via la plateforme en ligne Athlete365. »
En clair, pas la moindre raison à ce jour d’envisager le pire. Le CIO se veut confiant. Son porte-parole, Mark Adams, a répété comme un refrain que les Jeux de Tokyo 2020 étaient toujours, jusqu’à preuve du contraire, prévus pour débuter vendredi 24 juillet. A Tokyo. Au stade olympique.
Au même moment, mais dans un autre lieu, le directeur général de l’OMS a tenu à quelques nuances près un discours tout aussi distant du scénario catastrophe. Tedros Adhanom Ghebreyesus a confirmé avoir très récemment échangé avec Thomas Bach. Il a répété devant les médias qu’il était encore trop tôt pour prendre la moindre décision quant à la tenue, ou non, des Jeux de Tokyo 2020.
Au Japon, pourtant, les autorités ne s’interdisent plus d’étudier dans le détail toutes leurs options. Une voix s’est faite entendre, mardi, pour évoquer une hypothèse jusque-là écartée par tous les acteurs du jeu olympique : le report.
La voix en question n’est pas la plus anecdotique. Seiko Hashimoto occupe au sein du gouvernement de Shinzo Abe le poste de ministre olympique. Présente à la chambre des conseillers du Parlement, elle a sorti de sa mallette une idée encore inédite : décaler les Jeux plus tard au cours de l’année 2020.
« Le CIO a le droit d’annuler les Jeux uniquement s’ils ne se déroulent pas en 2020, a-t-elle posément expliqué aux parlementaires. Cela peut être interprété comme signifiant que les Jeux peuvent être reportés à condition qu’ils soient organisés pendant l’année civile. » Crédible ? Pour les textes, sans doute. Dans les faits, moins sûr.
Interrogée sur les risques d’un tel scénario, Seiko Hashimoto a répondu : « Nous faisons le maximum d’efforts pour ne pas avoir à faire face à cette situation. » Mais le report, un moment envisagé comme impossible, ne semble plus tout à fait aussi exclu. Au moins dans le cas japonais.