Les mauvais esprits n’y verront aucun hasard. Le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 ont balayé d’un geste ample, mercredi 4 mars, toute idée de report ou d’annulation des Jeux de Tokyo 2020. Quelques heures plus tôt, aux Etats-Unis, le groupe américain NBCUniversal avait annoncé les chiffres de ses recettes publicitaires pour le prochain événement olympique. Ils donnent le tournis.
A un peu moins de 150 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, NBCUniversal peut déjà faire sauter les bouchons de champagne. Son carnet de commandes d’annonces publicitaires atteint la somme record de plus de 1,25 milliard de dollars.
A ce jour, une telle performance n’a encore jamais été réalisée par un diffuseur des Jeux olympiques. Avec ce nouveau record, appelé à être battu dans les mois à venir, NBC se succède à lui-même. Aux Jeux de Rio 2016, le groupe américain avait déjà fait sauter la banque en amassant un pactole de 1,2 milliard de dollars en recettes publicitaires.
Détenteur exclusif des Jeux aux Etats-Unis jusqu’en 2032, en échange d’un chèque de plus de 7 milliards de dollars signé en 2014, NBCUniversal a précisé dans un communiqué avoir déjà vendu 90% des espaces publicitaires disponibles pendant la période des Jeux, entre le 24 juillet et le 9 août 2020.
Avec un tel marché, le groupe audiovisuel entend déployer les grands moyens. Il prévoit de consacrer 7.000 heures aux Jeux de Tokyo, entre la diffusion en direct, le streaming et les tonnes de contenus destinés aux réseaux sociaux. Sa présence au Japon s’annonce massive, avec plus de 2.000 personnes dépêchées sur place.
Reste une question, LA question du moment : qu’adviendra-t-il de cette montagne de billets verts dans l’hypothèse, toujours d’actualité, où les Jeux de Tokyo n’auraient pas lieu ?
Brian Roberts, le directeur général du câblo-opérateur Comcast, la maison-mère de NBCUniversal, a répondu sans un hoquet en début de semaine : l’annulation serait un coup dur, mais les pertes seraient réduites. « Nous essayons toujours d’anticiper, pour les grands événements, ce qui pourrait arriver de pire, explique-t-il. Nous faisons en sorte d’être protégés. Nous avons donc pris une assurance pour toutes nos dépenses. Il ne devrait donc pas y avoir de pertes si les Jeux ne pouvaient pas se dérouler. Bien sûr, cela affecterait nos résultats et il n’y aurait pas de bénéfice cette année. »
Dans le détail, les assurances souscrites par le groupe audiovisuel américain couvriraient les pertes directement liées aux droits de diffusion et aux coûts de production. Pour le reste, rien n’est certain. Aux Etats-Unis, certains experts s’interrogent sur la réalité des garanties de NBCUniversal face aux annonceurs dans l’éventualité où les programmes olympiques devaient disparaître de la grille.
Brian Roberts ne croit pas au pire. « Encore une fois, nous sommes optimistes quant à la tenue des Jeux olympiques », a insisté le dirigeant américain cette semaine. A moins de 5 mois des Jeux, son groupe compte les jours et les dollars. Tout en priant le ciel.