Curieux. Au moment où la planète raye un à un les événements sportifs prévus au cours des prochaines semaines, les Etats-Unis restent droit dans leurs bottes. Le spectacle continue. Mais les médias sont priés de rester à la porte.
Quatre des principales ligues professionnelles nord-américaines ont publié un communiqué commun, dans la soirée du lundi 9 mars, pour préciser la façon dont elles comptaient lutter contre la propagation du coronavirus. La MLB (baseball), la NBA (basket), la NHL (hockey-sur-glace) et la MLS (football), réunies par les circonstances autour d’un rare consensus, ont décidé d’interdire aux médias l’accès aux vestiaires des équipes.
Le mesure est présentée comme temporaire. Elle ne concerne pas les salariés des équipes jugés « indispensables ». Mais elle prend effet dès ce mardi 10 mars, pour les rencontres officielles et pour les entraînements.
« À la suite de consultations avec des experts en maladies infectieuses et en santé publique, et en raison des problèmes qui pourraient découler des contacts étroits avant et après un match, la décision a été prise de limiter jusqu’à nouvel ordre l’accès à l’ensemble des vestiaires, précise le communiqué publié par les quatre ligues professionnelles. Nous allons continuer de surveiller la situation de très près et de prendre les mesures nécessaires au maintien d’un environnement sûr et accueillant. »
Les représentants des médias pourront toujours avoir accès aux joueurs. Mais en dehors des vestiaires, dans des endroits désignés pour les interviews.
Aux Etats-Unis comme au Canada, les organisations syndicales des journalistes ont manifesté sans la moindre nuance leur accord et leur soutien. Pas moins de sept d’entre elles se sont fendues d’un communiqué commun. « Nous comprenons que des précautions peuvent être nécessaires au nom de la santé publique, insiste-t-il. Nous avons l’intention de travailler avec les différentes ligues et équipes que nous couvrons pour maintenir les espaces de travail les plus sûrs possible. Mais nous devons également veiller à ce que l’accès aux vestiaires, que nous avons négocié au fil des décennies, aux joueurs, aux entraîneurs et au personnel, ne soit pas limité à court ou à long terme. »
Hasard du calendrier, le comité olympique et paralympique américain (USOPC) a annoncé à son tour, lundi 9 mars, son plan anti-coronavirus. Il touche lui aussi directement le travail des médias.
L’USOPC a pris la décision de reporter son traditionnel « Media Summit » d’avant les Jeux de Tokyo 2020. Il était prévu du 15 au 18 mars à Los Angeles et devait rassembler environ 115 potentiels sélectionnés olympiques et plus de 400 représentants des médias.
Le « Media Summit » est organisé tous les deux ans par le comité olympique américain depuis les Jeux d’hiver de Nagano en 1998. Il n’a encore jamais été annulé ou décalé.
L’événement a été reporté par « prudence », a expliqué le service communication de l’USOPC. Luella Chavez D’Angelo, sa responsable, en a informé les médias par courrier électronique. « Nous solliciterons vos commentaires et vos idées sur les opportunités de rencontres avec les athlètes qui pourraient vous êtres utiles », a-t-elle suggéré, laissant entendre que le traditionnel rassemblement pourrait ne pas avoir lieu cette année dans sa forme habituelle
Sarah Hirshland, directrice générale de l’USOPC, a envoyé un courriel aux athlètes invités pour leur annoncer la décision. A quatre mois des Jeux de Tokyo 2020, un tel rassemblement « n’est tout simplement pas un risque à prendre », a-t-elle expliqué.
« Nous allons continuer à surveiller de très près l’évolution de la situation, sans hésiter à changer nos plans si cela est nécessaire pour assurer la sécurité et la bonne santé de chacun d’entre vous, a écrit Sarah Hirshland à l’intention des futurs membres de Team USA. Sans nouvelles de notre part, vous devrez partir du principe que nous préparons les Jeux de Tokyo 2020 comme prévu. »