Semaine marathon pour Thomas Bach. Le président du CIO enchaîne les réunions par visioconférence, à toutes les heures de la journée, jonglant avec les fuseaux horaires sans afficher de signe apparent de lassitude. Le dirigeant allemand en a l’habitude. Il est rompu à l’exercice.
Après la commission exécutive et les fédérations internationales, mardi, Thomas Bach a débattu hier des Jeux de Tokyo avec les représentants des athlètes et des comités nationaux olympiques. Il a élargi le spectre de ses interlocuteurs, mais sans changer le ton de son discours. Il tient en une certitude : tout reste possible, à quatre mois du début des Jeux de Tokyo 2020, y compris le meilleur, à savoir une sortie de la crise.
A l’évidence, son discours reste convaincant, malgré un compte-à-rebours passé sous la barre des 130 jours avant la cérémonie d’ouverture.
Mercredi 18 mars, Thomas Bach a pu exprimer la position du CIO face à 220 représentants des athlètes des comités nationaux olympiques à travers le monde. La réunion téléphonique a été qualifiée de « très constructive. »
« Tout le monde a réalisé qu’il nous reste encore plus de quatre mois, que nous nous attaquons au problème et continuerons à agir de manière responsable dans l’intérêt des athlètes », a expliqué Thomas Bach.
Même unité de façade chez les comités nationaux olympiques. Thomas Bach a échangé avec leurs représentants, toujours par vidéoconférence.
Puis le CIO n’a pas résisté à l’envie de publier sur son site Internet les réactions unanimement favorables des leaders des associations continentales, Mustapha Berraf pour l’Afrique, Janez Kocijancic pour l’Europe, Robin Mitchell pour l’Océanie, Neven Ilic pour l’Amérique.
Dans tous les cas, un même soutien sans faille à la position du CIO et à sa confiance dans la tenue possible des Jeux de Tokyo aux dates initiales.
Pourtant, l’unité se fissure à la question de l’égalité des chances des athlètes du monde entier dans l’éventualité où les Jeux se dérouleraient sans le moindre report. Elle a été clairement exprimée, mercredi 18 mars, par le président du comité olympique espagnol, Alejandro Blanco (photo ci-dessus).
Le dirigeant hispanique ne s’est pas écarté de la ligne de conduite affichée par les comités nationaux olympiques. Il a manifesté son « soutien unanime » à la position du CIO et de son président, Thomas Bach.
Mais Alejandro Blanco s’est aussi fait le porte-parole des athlètes espagnols. « La situation qu’ils vivent actuellement, avec cette impossibilité de s’entraîner pendant au moins deux semaines en raison du confinement, risque de durer, a-t-il expliqué. Ils ne pourrons pas arriver à Tokyo dans les meilleures conditions. Comme nous, plusieurs autres pays sont confrontés aux mêmes problèmes. »
Aux Etats-Unis, le gouverneur de l’état du Colorado, Jared Polis, a imposé la fermeture des installations sportives du centre national d’entraînement de Colorado Springs, siège du comité national olympique (USOPC) et de plusieurs fédérations sportives. Il restera bouclé au moins 30 jours. En France, l’INSEP a fermé ses portes. Au Kenya, les autorités ont interdit les entraînements en groupe et demandé l’arrêt des camps de préparation. Les exemples sont nombreux, mais les restrictions diffèrent d’un pays à l’autre.
Alejandro Blanco l’a exprimé devant les caméras de la Televisión Española : « Tous les athlètes doivent se rendre aux Jeux dans les mêmes conditions. Le problème n’est pas le 24 juillet, quand les délégations vont défiler avec les porte-drapeaux à leur tête. Le problème est ce qui va se passer pour les athlètes jusqu’au 24 juillet. Il n’est pas juste d’envisager que certains pays puissent aller aux Jeux sans avoir été confrontés à des restrictions d’entraînement, alors que d’autres auront subi un confinement. »