Une année moins un jour changera-t-elle en profondeur les Jeux de Tokyo 2020 ? Reporté de 12 mois, l’événement olympique et paralympique se présentera l’été prochain comme une copie quasi conforme de sa version initiale ?
Quatre directeurs du CIO ont été rassemblés, jeudi 2 avril, pour une conférence de presse téléphonique censée apporter à ces questions leur lot de réponses. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques, Kit McConnell, son homologue des sports, James MacLeod, en charge de la Solidarité olympique et des relations avec les comités nationaux olympiques, et enfin Timo Lumme, responsable du marketing et de la télévision. Du lourd.
Beaucoup de questions, donc. Mais, sans grande surprise, peu de réponses. Les uns et les autres l’ont répété sans craindre un effet de lassitude : les discussions sont en cours, les options à l’étude et les analyses menées de concert entre Lausanne et Tokyo. Bref, les groupes travail formés en Suisse et au Japon pour plancher sur le report des Jeux se sont mis au boulot. Mais, à ce stade du processus, ils en sont encore à lister les dossiers pour les classer par priorité. Les décisions viendront plus tard.
Passons rapidement sur les certitudes, elles sont rares. La première sonne comme une évidence, mais Christophe Dubi l’a répété : « Il y aura des coûts additionnels, pour le comité d’organisation de Tokyo mais aussi pour la famille olympique. » Pas vraiment un scoop. Combien ? Qui paiera ? Le Suisse se montre plus évasif. « Le chiffrage des coûts est un processus en cours, dit-il. Il représente des dizaines de milliers de lignes budgétaires. »
Autre certitude, confirmée par Kit McConnell : le programme des Jeux de Tokyo en 2021 sera identique à sa version initiale. En clair, le CIO et les Japonais réaliseront un copié-collé, sans chercher à l’actualiser. Les sports additionnels resteront additionnels, les épreuves conserveront leurs horaires. Surtout, le dispositif ne bougera pas.
Dans le cas de l’athlétisme, la délocalisation du marathon et des épreuves de marche à Sapporo reste d’actualité. Elle avait pourtant été l’objet d’un psychodrame entre le CIO et les autorités de Tokyo, dont la gouverneure, Yuriko Koike. « Pour l’instant, le programme reste le même, y compris les épreuves prévues à Sapporo », a assuré Kit McConnell. Pour l’instant, au moins. Mais le dossier pourrait évoluer. Yuriko Koike le souhaite. Sebastian Coe, le président de World Athletics, ne serait pas opposé non plus à nouvelle étude de la question.
Pour le reste, le CIO se sert sans retenue du conditionnel. Tout juste avance-t-il que les prochaines décisions pourraient intervenir dans les semaines à venir.
Parmi les priorités, à Tokyo comme à Lausanne : sécuriser les sites olympiques. Thomas Bach a suggéré la semaine passé qu’ils ne seraient peut-être pas tous disponibles l’été prochain. Jeudi 2 avril, ses quatre directeurs se sont montrés plus confiants.
La question du village des athlètes, notamment, figure en bonne place parmi les premiers dossiers à boucler. Il devait être livré à un consortium dès la fin des Jeux paralympiques, pour être occupé par ses prochains habitants à partir du début de l’année 2023.
Dans l’intervalle, les promoteurs japonais devaient transformer les parties communes et procéder à des aménagements, destinés notamment à la construction de boutiques, aires de jeux, espaces de détente… Christophe Dubi l’a expliqué : « Les discussions avec le consortium ont débuté, nous avons bon espoir qu’elles aboutissent rapidement et aillent dans la bonne direction. »
Autre question sans réelle réponse : l’âge limite des sélectionnés. Elle concerne deux sports, le football et la gymnastique.
Dans le premier cas, il est fixé à 23 ans, sauf pour seulement trois joueurs de chaque équipe. « Il serait logique que les athlètes qui ont qualifié leur équipe puissent participer aux Jeux », a suggéré Kit McConnell. Logique, en effet, mais pas certain. Les discussions entamées avec la FIFA n’ont pas encore abouti.
Pour la gymnastique, le règlement impose un âge minimum de 16 ans pour les filles, et 18 ans pour les garçons, à atteindre au cours de l’année olympique. Une gymnaste non éligible à participer aux Jeux de Tokyo en 2020 le deviendra-t-elle en 2021 ? La Fédération internationale de gymnastique (FIG) n’a pas encore tranché. Le CIO non plus.
Enfin, le CIO avancera-t-il son calendrier pour valider de façon définitive avant Tokyo 2020 le choix des sports additionnels des Jeux de Paris 2024 ? La décision était prévue pour la fin de l’année 2020. Sera-t-elle repoussée d’une année ? Rien n’est encore décidé, a reconnu Kit McConnell.